Port-au-Prince, Haïti, 1er août 2018 --- ¨Pendant les huit mois ayant suivi son inauguration, le centre de santé de Thiotte (sud-est d’Haïti) ne faisait aucun accouchement, car les conditions n’étaient pas réunies¨, rappelle son administrateur.
¨Mais avec un nouvel appui de l’UNFPA, à compter de janvier 2017, le centre réalise une moyenne de dix accouchements par mois¨, souligne Mickenson Tarravine : ¨Au cours du mois de juin (2018), nous avons même effectué une vingtaine d’accouchements¨, indique Tarravine, avec un brin de satisfaction.
L’administrateur attribue notamment cette performance à la disponibilité de ressources humaines appropriées, de l’éclairage solaire, de médicaments et de ¨baby boxes¨ (boîtes à bébé) : ¨Les boîtes à bébés, que nous avons encore en stock, encouragent les gens à venir à la maternité¨, relève Mickenson Tarravine.
L’UNFPA appuie, grâce à un financement de ¨Johnson and Johnson¨ (J&J), cinq maternités dans le département du sud-est, afin d’améliorer l’offre de services en santé de la reproduction, tout en supportant la disponibilité de ressources humaines qualifiées, en particulier des sages-femmes professionnelles, au travers d’un soutien à l’Institut National Supérieur de Formation des Sages-Femmes (INSFSF). Des sages-femmes formées à l’INSFSF sont déployées dans tout le pays, de concert avec la Direction de la Santé de la Famille (DSF) du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).
Le projet appuie cinq (5) maternités : Thiotte, Anse-à-Pitres, Belle-Anse, Marigot et Bainet. Ce projet, qui dure jusqu’en 2019, vise l’amélioration des indicateurs de santé maternelle dans le département du sud-est, pour plus de cinquante mille (50,000) bénéficiaires directs.
Les différents rapports trimestriels des institutions concernées, l’évaluation à mi-parcours et les témoignages recueillis sur le terrain, confirment une tendance à la hausse au niveau des principaux indicateurs du projet. Le nombre d’accouchement est passé de 144 au deuxième trimestre de 2017 à 222 au deuxième trimestre de 2018. Aussi, le nombre d’acceptants de planification familiale (PF) a-t-il plus que doublé au cours de cette même période, passant de 457 à 1275.
Maxence Dominique, venu représenter son épouse à un ¨focus group¨ (groupe de discussion) au centre de santé de Belle-Anse, le 24 juillet 2018, dans le cadre de l’évaluation à mi-parcours du projet, ne tarit pas d’éloges à son sujet.
¨Le programme aide l’hôpital à être plus efficace, à donner de meilleurs soins, les gens sont toujours disponibles peu importe l’heure¨, témoigne ce père de 3 enfants.
Dominique, 38 ans, est devenu une tête familière à la maternité de Belle-Anse, depuis le soutien sans faille, par une présence bienveillante et attentionnée, qu’il a apporté à sa femme, Marana Lazarre, alors que celle-ci affrontait un accouchement difficile, il y a bientôt six mois.
A Marigot, la maternité réalisait en moyenne une trentaine d’accouchements par mois avant le lancement du projet, fait savoir la Directrice médicale du centre de santé de cette commune. Maintenant, elle en effectue une quarantaine consécutivement au projet J&J, ajoute Dr Misnick André.
A Bainet, l’infirmière communale souhaite également la continuité du projet, qui influe positivement sur la fréquentation. La maternité de Bainet réalise en moyenne une quinzaine d’accouchements par mois, souligne Lovely Dupont.
¨Le gros de ce que nous avons en termes d´intrants de santé de la reproduction et de kits d’hygiène nous est fourni par l’UNFPA¨, précise le Directeur médical du centre de santé d’Anse-à-Pitres, une commune enclavée partageant la frontière avec la République Dominicaine.
¨L’UNFPA est le meilleur partenaire de la commune¨, ajoute Dr Lamartine Pierre-Fils.
La Direction Sanitaire du Sud-Est (DSSE), à travers sa responsable de santé de la reproduction, considère ce projet de santé maternelle, conduit par l’UNFPA grâce à un financement de J&J, comme ¨l’un des projets les plus complets, dans la mesure où ledit projet essaie de répondre aux principaux problèmes auxquels sont confrontées les institutions sanitaires¨.
Dr Josette Sanon estime que, ¨même à la fin du projet, ces institutions pourront capitaliser sur les acquis, qui se déclinent en termes de matériels, ressources humaines, médicaments pour les cliniques mobiles - stratégie avancée pour atteindre les communautés reculées - et de renforcement de capacités.
Les indicateurs de santé maternelle demeurent à des niveaux préoccupants en Haïti. La proportion de femmes ayant accouché en présence d’un personnel qualifié n’est que de 42%, tandis que seules 39% de femmes ont accouché dans une structure hospitalière (EMMUS VI, 2016-2017).
Ces chiffres montrent qu’il reste de très nombreux défis liés à l’accessibilité aux services de santé pour une grande partie des haïtiennes, avec des disparités géographiques profondes, notamment dans les zones rurales.
Texte: Vario Sérant