Vous êtes ici

Le Ministre de la Santé Publique et de la Population, Alex LARSEN, le Secrétaire d’État à la Population et au Développement Humain, Laurent BEAUGÉ, et le Représentant Adjoint de l’UNFPA en Haïti, Judicaël Elidje - qui parlait au nom du Représentant, Saidou Kabore - ont commémoré, le 11 juillet 2022, à Port-au-Prince, la Journée Mondiale de la Population.

Cette activité s’est déroulée sous le thème : « Comprendre l’imperceptible : agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non-intentionnelles ». 

Un regret

Le Secrétaire d'État à la Population et au Développement Humain a regretté que des mesures de politiques publiques ne soient pas en adéquation avec les déclarations internationales signées par Haïti.

L’État haïtien n’a pas respecté les engagements pris lors du sommet de Nairobi en 2019, lesquels prévoyaient « la collecte des données de qualité, ponctuelles et ventilées », a souligné Laurent Beaugé. Le dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat remonte à l’année 2003, alors que l'ONU préconise un recensement tous les dix ans.

Le 5e Recensement Général de la Population et de l'Habitat d'Haïti, le premier recensement numérique du pays avec une approche d'intégration du genre, ne peut se réaliser actuellement avec les conditions actuelles, en dépit des efforts faits pour la préparation de cet important exercice.

Une relance

Le Représentant Adjoint du Fonds des Nations Unies pour la Population en Haïti a insisté sur l’importance de la tenue du recensement. « Les statistiques sont indispensables, non pas pour des exercices d’éloquences, mais elles servent à la prise de décisions plus méthodiques et beaucoup plus objectives », a mentionné Judicaël Elidje.

Il est important de connaitre les caractéristiques de sa population au vu des possibilités de progrès que cela offre. Ces données pourront certainement nous permettre, non seulement de planifier un développement équitable, mais également de transformer les normes discriminatoires qui freinent les haïtiens et la société, a souligné Elidje.

« Nous croyons au cercle vertueux de l’utilisation des données qui favorise une économie inclusive qui fonctionne pour tous, qui est équitable dans sa gestion des ressources, qui permet d'atténuer les risques, et enfin de répondre aux besoins des générations actuelles et futures », a-t-il conclu.

3 objectifs transformateurs

Le rapport de 2016-2017 d’Enquête Mortalité Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS) fait état de :

  • « 529 femmes haïtiennes qui meurent sur 100 000 pendant l’accouchement,
  • 4 sur 10 qui ne peuvent pas avoir accès à une méthode de planification familiale,
  • 1 femme sur 8 âgée entre 15 et 49 ans qui a déjà été victime de violence sexuelle.

Le plan stratégique de l’UNFPA s’encadre dans cette dynamique. Il vise notamment à mettre fin aux décès maternels évitables, aux violences basées sur le genre et aux pratiques néfastes, ainsi qu’aux besoins non-satisfaits en planification familiale, dès l’horizon 2030.

Le Représentant Adjoint de l’UNFPA a sensibilisé tout un chacun sur l’importance de la collecte des données et la nécessité d’une collaboration harmonieuse pour changer la donne.

S’accrocher aux ODD

Le Ministre de la Santé Publique et de la Population, Alex Larsen, a évoqué les aléas démographiques auxquels Haïti est confrontée. Il a fait état du contexte mondial marqué par un accroissement de la population, joint aux problèmes climatiques, à la désertification et aux conflits armés qui vont aggraver les crises qui rongent le pays à l’interne.

« Si rien n’est fait, il faut s’attendre de plus en plus à la migration massive vers les centres urbains et en dehors des frontières nationales, l’accroissement des grossesses non-désirées et l’extrême pauvreté », a indiqué Alex Larsen.  

Il faut intensifier les actions pour qu’Haïti s'accroche aux Objectifs de Développement Durable (ODD), a ajouté le Ministre. C’est un rendez-vous universel pour un monde plus juste dès l’horizon 2030. Alex Larsen a encouragé à l’union et au réveil de la conscience patriotique afin de créer ce lendemain meilleur.

Quid du dividende démographique ?

La population haïtienne est estimée à 11 millions d’habitants, avec une transition démographique qui pourrait permettre la capture du dividende démographique, moyennant les investissements soutenus dans le capital humain (éducation et santé), en particulier chez les adolescents, les adolescentes, et les jeunes, l’économie et la gouvernance.

Texte : Oliver Ambroise et Vario Sérant

Photos : Michaël Isaac Junior Ambroise