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Port-au-Prince, 1er février 2022 --- Des jeunes filles en Haïti apprennent à identifier, comprendre la violence et ses manifestations grâce à l'Initiative Spotlight, un partenariat mondial conjoint des Nations Unies et de l'Union européenne.

"J'ai appris à gérer les relations sexuelles et à parler à mes parents et amis des différents types de violences sexuelles, émotionnelles et physiques que subissent les femmes en Haïti", a déclaré Madeline Joseph, 18 ans, qui a participé à un rendez-vous hebdomadaire pour l'autonomisation des filles organisée par l’organisation de défense des droits des femmes (AFASDA) - en tant que sous-récipiendaire du Consortium Genre coordonné par URAMEL - et financée par l'UNFPA à Mont-Organisé, dans le département du Nord-Est du pays.

Le Nord-Est est l’un des départements qui enregistrent les taux de prévalence les plus élevés de violence conjugale chez les femmes de 15-49 ans en Haïti. Vingt-sept pour cent des femmes non célibataires dans ce département ont subi des actes de violence à caractère physique, sexuel ou émotionnel (EMMUS VI).

L’AFASDA conduit ce projet dans 5 autres communes du Nord-Est, à savoir Ouanaminthe, Fort Liberté, Trou du Nord, Terrier Rouge et Mombin Crochu.

Julie Micanor, 31 ans, travaille comme Mentor avec les jeunes filles dans le cadre de ce projet visant à prévenir la violence à l’encontre des femmes et des filles. Dans ces « espaces filles » encore appelés « espas anm », des adolescentes et des jeunes filles de 8 à 19 ans se réunissent toutes les semaines, en week-end particulièrement. Elles sont entourées par des mentors qui les aident à connaître leur corps, à comprendre la violence, savoir où aller si elles en sont victimes, s’imprégner du comportement à avoir envers leurs parents, apprendre à se faire confiance et se valoriser.

Chaque mentor dirige un club de 50 filles environ dans chacune des 6 communes du Nord-Est, informe la Directrice exécutive de l’AFASDA, Elvire Eugène. Le projet a formé 26 mentors qui travaillent avec une première cohorte de 1250 filles dans les 6 communes, ajoute la Coordonnatrice du projet Spotlight à Ouanaminthe et Fort Liberté, Same-Lourdes Joseph. De mai à décembre 2021, 745 séances de travail ont été réalisées. 

Dans les espaces sûrs où il y a les psychologues, le projet soutient environ 33 survivantes, dont 16 ont reçu un fonds de résilience pour commencer une activité génératrice de revenus. Environ 10 jeunes femmes sont formées pour devenir des aidantes et accompagnatrices. Elles ont été formées en prise en charge intégrée de survivantes incluant un appui psychosocial, des démarches/procédures en prise en charge légale et l’accompagnement adéquat pour une prise en charge médicale.

Les violences envers les femmes et les filles constituent une violation des droits humains lourde de conséquences, tant pour les victimes que pour la société dans son ensemble.

Le département du Nord-Est est par ailleurs caractérisé par les phénomènes migratoires, les questions de la traite et de la prostitution des jeunes filles. Le programme pays Spotlight, une initiative en appui aux efforts du Gouvernement haïtien pour l’élimination de la violence faite aux femmes et des violences conjugales, cible cette région parmi 4 départements de mise en œuvre.  

Spotlight est financé par l’Union européenne et est mis en œuvre, sous la supervision du Bureau du Coordonnateur Résident des Nations Unies en Haïti et le leadership des autorités haïtiennes, avec le soutien technique du PNUD, de l’UNFPA, de l’UNICEF et d’ONU-Femmes.

Texte et photos : Vario Sérant