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L’Asile, Nippes, Haïti, 22 octobre 2022 --- L’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé reproductive, continue à sauver des vies en Haïti en tout temps et dans les situations d’urgence.

L’UNFPA jette aujourd’hui la lumière sur le travail de son obstétricien-gynécologue, Max Dervil, au niveau de l’hospitainer de l’Asile, dans le département des Nippes, aux côtés du Directeur médical, Sonel Févry.

Les Hospitainers de l’Asile et de Camp Perrin sont octroyés par le Grand-Duché du Luxembourg à Haïti, avec l’appui de l’UNFPA.

Le Représentant de l’UNFPA en Haïti, Saidou Kabore, a inscrit les activités dans l’hospitainer de l’Asile dans l’objectif transformateur “Zéro décès maternel évitable, particulièrement en situation humanitaire”.

Cette unité Hospitainer comprend un bloc opératoire et fournira tous les services de santé que donnait l'hôpital communautaire de référence (HCR) avant son effondrement par le séisme du 14 août 2021. L’hospitainer permettra de desservir tous/toutes les patient-e-s ayant des besoins d'ordre chirurgical, obstétrical et gynécologique.

Les services de santé ayant été interrompus, l’UNFPA a voulu doter les Nippes et le Sud de structures complètes dénommées hospitainer qui permettent la prise en charge des cas chirurgicaux incluant les urgences et les complications obstétricales. Elles sont destinées au rétablissement des services interrompus après le séisme. Les Hospitainers sont installés à l’Asile (département des Nippes) et à Camp Perrin (département du Sud).

L'obstétricien et gynécologue Max Dervil répond à nos questions.  

Quelle est l'utilité de L'hospitainer depuis son fonctionnement ?

Le 14 août 2022, les départements du grand Sud d’Haiti étaient frappés de plein fouet par un tremblement de terre de magnitude 7.2 sur l’échelle de Richter. La commune de l’Asile, dans les Nippes, n’était pas épargnée. Plusieurs infrastructures se sont effondrées, dont une bonne partie de l’hôpital incluant la maternité et le bloc opératoire.

L’institution n’était alors plus en mesure de prendre en charge les urgences obstétricales. Toutes les femmes en nécessité d’une section césarienne étaient référées à l’hôpital Sainte Thérèse de Miragôane, situé à environ 56 km, ou à l’hôpital Saint Boniface de Fond-des-Blancs, se trouvant à 50 km de l’Asile.

C’est avec beaucoup de gratitude que la communauté a accueilli la relance des interventions obstétricales à l’hôpital par le démarrage des activités dans l’hospitainer qui arrive à point nommé dans la conjoncture actuelle de pénurie de carburant, avec des routes fréquemment barricadées.

Dans ce contexte difficile, les références devenaient quasiment impossibles, mettant en péril la vie de nombre de femmes enceintes vulnérables. Grâce à l’hospitainer, on a déjà réalisé une dizaine de césariennes et trois hystérectomies depuis le lancement il y a environ 4 semaines. L’hystérectomie est une chirurgie pratiquée pour enlever l’utérus.         

Qu’est-ce que cela signifie pour vous de travailler dans un contexte où l’on essayait de redonner vie aux activités de l'Hôpital à travers l’hospitainer ?

Cela demande beaucoup de sacrifices et de don de soi. Car, travailler dans une maternité est tout d’abord stressant et très fatigant à la fois. A peine lancées, les activités se trouvent impactées par les turbulences socio-politiques et le manque de carburant. Les routes sont bloquées et la hausse exorbitante des prix du transport, qui est assuré par les motos taxi à hauteur de 1500 à 2000 gourdes par personne selon le trajet, a fait beaucoup diminuer l’affluence à l’hôpital. On se fait du souci pour toutes ces femmes qui vont rester pour accoucher à domicile sans assistance d’un personnel qualifié.

Ici, on n’a pas une équipe soignante complètement constituée. On doit s’adapte à la situation. C’est d’autant plus important quand c’est vous qui avez les compétences pour faire face aux problèmes spécifiques des femmes enceintes. Grâce à l’hospitainer, qui offre un plateau technique adéquat, sauver des vies est redevenu génial.     

Parlez-nous de la collaboration avec votre équipe ?

Une équipe est avant tout le fruit d’un fonctionnement collectif centré sur les patientes. L’HCR de l’Asile ne dispose pas de personnel médical en quantité suffisante pour répondre adéquatement aux exigences des différents services. Conscient du défi que pose le fonctionnement de l’unité hospitainer en termes de staff, le directeur médical, l’administrateur, l’infirmière en chef s’impliquent d’une manière particulière. Cette implication modifie la division du travail habituel en vigueur à l’hôpital et entraine des charges de participation supplémentaire au reste du personnel soignant et de soutien. Cette participation est essentielle pour rendre le cadre d’intervention opérationnel au niveau de l’hospitainer et l’offre de soins de qualités aux femmes. Le personnel est toujours dévoué à donner leur participation et cela nous a rendu la tâche plus facile.        

Quels services fournissez-vous ? Quelles sont les contraintes ?

Nous avons à l’hôpital une installation médicale conteneurisée (Hospitainer), qui est une structure autonome conçue pour faciliter les soins obstétricaux d’urgence, un des piliers majeurs de la réduction de la mortalité maternelle et la fourniture des services de santé essentiels aux victimes de violences sexuelles.

À l’Asile, nous faisons surtout la prise en charge des urgences chirurgicales liées aux complications de la grossesse, de l’accouchement et dans le postpartum immédiat. Les consultations prénatales sont assurées essentiellement par le staff de l’hôpital et les accouchements se font dans des unités mobiles destinées et équipées à cet effet grâce à un don des Norvégiens.  

Notre avis médical est souvent sollicité pour poser ou confirmer un diagnostic. Les principales contraintes auxquelles nous faisons face sont étroitement liées à la conjoncture : la pénurie de carburant, les difficultés d’approvisionnement en intrant. Ces contraintes sont aussi inhérentes à l’hôpital, en termes de manque de personnel infirmier et de soutien apte à travailler au bloc opératoire, et à entretenir le matériel après les interventions.               

Quel résultat avez-vous obtenu depuis l’utilisation de l'unité hospitalière conteneurisée ?

L’unité hospitainer offre un espace de soin fonctionnel avec une empreinte logistique minimale qui a permis des interventions chirurgicales aisées sans complications à date. Toutes les bénéficiaires ont évolué favorablement et en sont sorties satisfaites. Leurs proches sont ravis de la disponibilité de ce service à l’hôpital et le qualifient de providentiel. Étant donné la situation actuelle, il leur serait très difficile de se déplacer vers un autre centre hospitalier avec la femme pour la prise en charge. Ainsi, les grossesses à risque sont désormais traitées sur place. Elles ne sont plus référées ailleurs et les complications sont abordées avec assurance et en toute quiétude.             

Pourquoi continuez-vous à effectuer ce travail malgré la conjoncture ?

Nul n’est censé ignorer que pendant les situations de crise, comme c’est le cas actuellement, les femmes enceintes vont continuer à accoucher et certaines se retrouveront dans des situations compliquées qui vont nécessiter une prise en charge chirurgicale. Je suis obstétricien gynécologue. Soigner les femmes, pour moi c’est un devoir qui n’a pas besoin de leçon, c’est toujours avec enthousiasme et passion que je donne mes services à cette tranche de la population qui vit dans des zones reculées, et qui est le plus souvent démunie et vulnérable. Personne ne doit être laissé de côté. C’est l’engagement de l’UNFPA. Je suis Volontaire pour les Nations Unies, je m’implique dans le processus de développement durable, dans ce contexte difficile que traverse la population haïtienne. Je crois que Dieu nous place toujours là où il nous veut. Rien n’arrive par hasard.