Port-au-Prince, 21 février 2022 --- Le Ministre de la Santé Publique et de la Population, Alex Larsen, a inauguré le pôle nord de la Faculté de Sage-femme d’Haïti, au Campus Henry Christophe de Limonade, le 18 février 2022, en présence du Recteur de l’Université d’État d’Haïti, Fritz Deshommes, de la Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, Sofia Loréus, de l’Ambassadeur du Canada, Sébastien Carrière, et du Représentant de l’UNFPA en Haïti, Saidou Kabore.
Des remerciements
Le Ministre Larsen s’est réjoui d’un tel événement, tout en remerciant l’Université des 3 Rivières du Québec, l’Association Canadienne des Sages-femmes, le Canada, à travers son ambassade, l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, le Rectorat de l’Université d’État d’Haïti, le Conseil du Campus de Limonade, le Comité de sélection du Conseil de gouvernance, la Direction de formation, de perfectionnement des sciences de la santé.
Augmenter la disponibilité des prestataires
Cette démarche entre dans le cadre d’une politique de régionalisation et d’augmentation de la disponibilité de prestataires qualifiés en soins obstétricaux et néonatals, a souligné Dr Larsen.
« De 2000 à 2017, 455 Sages-femmes ont été formés au programme public haïtien de Sage-femme et 4 à l’extérieur du pays », a indiqué la Doyenne de la Faculté de Sage-femme. De ces 455 sages-femmes, seules 296 vivaient encore au pays pour une population de plus de 11 millions d’habitants, a mentionné Nadège Daudier. Nous sommes très loin du ratio prôné par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soit 1 sage-femme pour 5 000 habitants. Haïti aurait besoin de 2 200 sages-femmes pour adresser les besoins en santé sexuelle, maternelle et reproductive de plus de 2,8 millions de femmes en âge de procréer. En 2018, seuls 10% de ces besoins étaient couverts.
Ce programme vise à former des sages-femmes (hommes et femmes) autonomes, ayant les capacités d’offrir aux femmes en âge de procréer, aux jeune filles, aux adolescentes des soins de première ligne sécuritaires et professionnels tout au long de leur vie sexuelle et reproductive dans toutes les institutions sanitaires du pays, et en particulier les plus démunies en ressources qualifiées. Il cherche à sensibiliser les sages-femmes au contexte politique, sociosanitaire et institutionnel dans lequel ils-elles interviennent. Les étudiants-es seront en mesure de saisir les multiples facettes de leurs rôles en tant que professionnel de la santé et se positionneront comme des acteurs influents et responsables dans leur milieu de pratique.
Répondre au déficit de sages-femmes
L’ouverture du pôle nord de la Faculté de Sage-femme est une belle contribution du système de santé en Haïti, a précisé l’Ambassadeur du Canada. C’est avec plaisir que le Canada aide le peuple haïtien à répondre au déficit accru de sages-femmes qualifiés dans le pays, a ajouté Sébastien Carrière.
Le Canada a appuyé de nombreux chantiers, sous le leadership des autorités nationales, et avec l’appui technique de l’UNFPA, de l’Université du Québec à Trois Rivières et de l’Association Canadienne des Sages-femmes, a-t-il mentionné.
Avec une première cohorte de 60 étudiants/tes ayant démarré leur cursus en janvier 2022, la Faculté de sage-femme d’Haïti permettra à ces futurs professionnels d’acquérir les compétences nécessaires pour pouvoir offrir des soins de santé maternelle et néonatale de qualité à la population haïtienne au terme de leur parcours académique. Le programme de formation d’une durée de quatre ans, peut recevoir par cohorte un effectif similaire annuellement et ainsi contribuer activement et positivement à renforcer leurs compétences de vie et à leur pouvoir de décision concernant leur vie.
Réduire la mortalité maternelle
Le travail des sages-femmes aujourd’hui contribue à la diminution du taux de mortalité maternelle et néonatale et aide à l’amélioration de la santé des femmes tout au long de leur vie, et pas seulement au moment de la naissance, a estimé la Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, Sofia Loréus.
Le taux de mortalité maternelle a légèrement fléchi en 10 ans, passant de 630 pour 100 000 naissances vivantes à 529 en 2017 (EMMUS VI), ont souligné les deux Ministres, le Représentant de l’UNFPA et la Doyenne de la Faculté de Sage-Femme.
« Ce taux est plus de 7 fois plus élevé que la moyenne internationale fixée par les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 », a fait savoir Nadège Daudier. Adjoint à cela, l’état de santé des nouveau-nés haïtiens qui reste fragile avec 32 bébés qui décèdent toutes les 1000 naissances vivantes en période néonatale.
Et c’est également dans ce contexte que pour cette cohorte des bourses sont octroyées à près de 25 étudiantes/tes revenant de régions et localités les plus dépourvues en prestataires de soins et où le taux de mortalité maternelle et néonatale reste très élevé selon le dernier rapport EMMUS VI. Il s’agit principalement de localités des départements du Nord-Ouest, du Nord-Est, de l’Artibonite et d’étudiants/tes en formation dans les nouvelles cohortes des pôles Nord et Ouest de la Faculté. Ces étudiants/tes une fois leur parcours universitaire achevé pourront retourner dans leur région de provenance pour y travailler et contribuer activement à cette réduction de mortalité garce à leurs compétences acquises en pratique sage-femme et leur engagement citoyen renforcé.
Évidences et actions
Ces évidences en matière de santé sexuelle et reproductive ont conduit le Ministère de la Santé Publique et de la Population à mobiliser l’appui du Canada et de l’UNFPA pour l’opérationnalisation de la vision du Gouvernement Haïtien dans la promotion de la pratique Sage-femme, a cru le Représentant de l’UNFPA en Haïti.
Le Ministère de la Santé Publique, l’Université d’État d’Haïti et les autres partenaires gouvernementaux ont vu juste en misant sur l’accroissement de sages-femmes compétentes et engagées, comme l’un des leviers clés pour sauver les vies de mères et de nouveau-nés, a indiqué Saidou Kabore.
La cérémonie qui nous rassemble aujourd’hui, est une véritable reconnaissance de l’immense place de la sage-femme dans l’accès des femmes à leur droit en santé de la reproduction, à l’égalité de genre et à la participation au développement humain durable, a-t-il spécifié.
Haïti ne doit pas être à la traine
Les pays se sont engagés à Nairobi pour l’atteinte des objectifs des 3 zéros : zéro décès maternel, zéro besoin non satisfait en planification familiale, zéro violence basée sur le genre et pratique néfaste, a rappelé le Ministre de la Santé Publique et de la Population. Haïti ne doit pas être à la traine, a mentionné Dr Larsen. Le Ministère s’est engagé dans la formation de sages-femmes en région dans l’optique de l’atteinte des objectifs des 3 zéros. Car à travers cette formation, ces futurs professionnels compétents et qualifiés seront à même de contribuer à l’atteinte de ces objectifs, a-t-il souligné.
Appel à l’assiduité
Le Ministre de la santé publique et de la population a convié les étudiantes et étudiants sages-femmes à se consacrer à leurs études avec assiduité, car un geste non maîtrisé peut être une cause de décès maternel et néonatal. Plus tard, quand vous aurez décroché vos diplômes, soyez des professionnels achevés, chevronnés, avec le sens du devoir et du travail bien fait, a indiqué Dr Larsen.
Le programme de formation
La formation de sage-femme est une formation complète qui intègre les différents champs de pratique de la profession. La sage-femme peut, en effet, orienter sa carrière dans les domaines tels que:
- Santé de la Reproduction
- Soins de maternité
- Soins Obstétricaux néonataux d’urgence
- Santé publique
- Genre et développement
- Éducation
Les besoins en santé et particulièrement en santé sexuelle et reproductive sont permanents. Et à mesure que la population augmente, l'écart à combler dans les ressources essentielles, comme les professionnels de la santé et l'infrastructure, augmente également. Le champ de travail d’une Sage-femme ne se limite pas au niveau hospitalier. La pratique Sage-femme s’étend à différents soins.
La formation dure 4 ans, avec une durée maximale de 6 années consécutives pour les étudiants admis directement dans le programme sur la base de leur baccalauréat ou d’études universitaires dans un autre domaine. Elle dure 3 ans, avec une durée maximale de 5 années consécutives pour les étudiants admis sur la base d’un diplôme d’infirmier. Le programme comporte 2 430 heures de théorie et 2 600 heures de pratique réparties sur 214 crédits et 8 semestres.
Le bâtiment qui logera la Faculté des sciences de la santé et ses composantes actuelles au niveau du campus, a été rénové grâce au support de l’UNFPA, du Gouvernement canadien et du trésor public, a signalé le Président du Conseil de gestion du Campus Henry Christophe de l’UEH à Limonade, Hérissé Guirand.
Texte : Vario Sérant
Photos : Michaël Ambroise