Port-au-Prince, 5 septembre 2024 --- La crise humanitaire en Haïti, exacerbée par la violence des gangs et l'instabilité politique, plonge des millions de personnes dans une situation désespérée. Parmi les plus vulnérables, les femmes et les filles subissent de plein fouet les conséquences de ce chaos, nécessitant une réponse humanitaire urgente et ciblée. Depuis le début de l'année 2024, la situation ne cesse de se détériorer, avec une recrudescence des incidents criminels, allant des enlèvements aux pillages, en passant par les violences sexuelles.
« Les femmes et les filles en Haïti sont prises dans un cycle de violence et de déplacement qui menace non seulement leur bien-être physique, mais aussi leur dignité et leur avenir », déclare la Représentation de l'UNFPA en Haïti. L'organisation, avec ses partenaires, a redoublé d'efforts pour répondre à cette situation alarmante, en mettant l'accent sur la protection des droits des femmes et l'accès aux services de santé reproductive (SRH).
Des services essentiels au cœur de l'urgence
Au cours de la période allant du 1er juillet au 12 août 2024, l'UNFPA a intensifié ses interventions dans les zones les plus touchées, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où les déplacements forcés atteignent des sommets. Plus de 185 000 personnes y sont déplacées, la majorité d'entre elles vivant dans des sites d'hébergement temporaires. La situation des femmes et des filles y est particulièrement critique. Elles font face à des conditions de vie précaires, avec un accès limité aux services de base tels que l'eau, l'assainissement, et les soins de santé.
Pour répondre à ces besoins urgents, l'UNFPA a distribué 1 610 kits contenant des articles d'hygiène de base à des femmes et des filles déplacées dans plusieurs sites, tels que le Lycée Jean Marie Vincent et l'Église Pentecôte des Frères-Unis. En outre, des équipes mobiles ont été déployées pour offrir des services de santé reproductive et des espaces sûrs pour les femmes et les filles, où elles peuvent recevoir un soutien psychosocial et participer à des activités sociales et récréatives.
L'impact de la violence basée sur le genre : une urgence silencieuse
L'augmentation des cas de violence basée sur le genre (VBG) est une autre dimension tragique de cette crise. Entre mars et mai 2024, le nombre de cas rapportés a augmenté de 40 %, une statistique alarmante qui souligne la gravité de la situation. Pour faire face à cette réalité, l'UNFPA a mené une évaluation rapide de la VBG dans 14 nouveaux sites de déplacement afin de mieux comprendre les besoins des femmes et des filles et d'adapter la réponse humanitaire en conséquence.
« Il est crucial que la communauté internationale continue de soutenir les efforts pour protéger les femmes et les filles en Haïti », insiste Christian Vovi, coordinateur humanitaire de l'UNFPA. Les interventions de l'agence incluent également la sensibilisation des communautés aux services disponibles pour les survivantes de VBG, touchant plus de 3 000 personnes durant la période couverte par le rapport.
Un appel à l'action et au financement
L'ampleur de la crise nécessite un soutien financier massif pour répondre aux besoins croissants. L'UNFPA a lancé un appel de fonds de 28 millions de dollars pour renforcer et étendre l'accès aux services essentiels pour les femmes et les filles en Haïti en 2024. Cependant, à la mi-2024, seulement 19 % des fonds nécessaires avaient été mobilisés, soit environ 5,4 millions de dollars.
« Les femmes et les filles d'Haïti ne peuvent pas attendre. Chaque jour qui passe sans une réponse adéquate met en péril leur santé, leur sécurité et leur avenir », déclare la Représentation de l'UNFPA. Alors que la situation continue de se détériorer, l'engagement international doit se renforcer pour éviter une catastrophe humanitaire de plus grande envergure.
En dépit des défis, l'UNFPA reste déterminé à poursuivre son travail en Haïti, avec l'espoir que les ressources nécessaires seront mises à disposition pour soutenir cette lutte essentielle. La situation des femmes et des filles dans ce contexte de crise prolongée est un test de la solidarité mondiale envers les plus vulnérables.
Moïse Alex Docteur
Consultant en Communication