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Port-au-Prince, Haïti, 8 mars 2020 --- Dans la foulée de la Journée Internationale des Femmes, j’ai lié connaissance, à travers les ondes, avec 2 femmes extraordinaires.

La première, on l’appelle communément poto-mitan en regard des sacrifices qu’elle consent quotidiennement pour assurer le bien-être de ses enfants, ceci au détriment de sa santé et de son épanouissement personnel. C’est la marchande Madan Sara.

« Ces femmes poto-mitan ont en général été obligées d’abandonner très tôt leurs études pour s’occuper de leurs enfants, si toutefois elles ont eu la chance de fréquenter les bancs de l’école », relève Anderson Pierre, étudiant, romancier et assistant de recherche du projet « Science Ouverte en Haïti et en Afrique Francophone » (SOHA).

Cherley, jeune journaliste de Petit Goâve, dans l’ouest d’Haïti, ayant observé ces braves femmes avec empathie depuis son enfance, a toujours nourri le désir de porter leurs voix le plus loin possible.

 La deuxième figure, c’est celle de la servante de maison, communément appelée bonne. Celle-ci connaît des fortunes diverses en fonction du ménage dont elle est au service. Elle peut tout aussi bien être traitée comme un membre de la famille que comme une tête de bétail exposée, entre autres, au harcèlement.

Ces portraits de femmes sont dépeints à la faveur d’un programme supporté par la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) intitulé « Droits en onde ».

Daphnine, jeune journaliste qui a réalisé le grand reportage sur les servantes de maison, anime une émission radiophonique hebdomadaire sur les droits des femmes intitulée « Espas Fanm » (Espace des Femmes). En portant à son émission la voix des femmes, à travers leurs problèmes inhérents à la société patriarcale, leurs progrès et exploits, elle a le sentiment d’apporter sa pierre à la lutte pour l’avancement des droits des femmes.

L’édition 2020 de la Journée internationale des femmes célèbre les figures emblématiques qui ont ouvert la voie vers l’égalité des genres. « Regardons maintenant de plus près la génération actuelle de militantes : ces femmes façonnent la vision d’un avenir meilleur pour tous les êtres humains, quel que soit leur genre », souligne la Directrice exécutive de l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population.

Myriam Narcisse travaille à travers Haïti depuis plus de 15 ans, gérant des programmes de développement et de microfinance ciblant les femmes et les jeunes pauvres. Elle est la Directrice exécutive de “Haïti Adolescent Girls Network” (HAGN) dont la mission est de promouvoir l’autonomisation des adolescentes à travers le mentorat et l’accompagnement. « Il s’agit non seulement pour les filles d’exercer des choix, mais aussi et surtout de briser enfin le cycle de la pauvreté à sa naissance », explique-t-elle.

Selon Dr Natalia Kanem, pour parvenir à l’égalité des genres, il faut donner aux femmes et aux filles du monde entier les moyens d’exercer pleinement leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive.

Notre objectif, rappelle-t-elle, est d’atteindre les « trois zéros » d’ici à 2030, à savoir : zéro besoin non satisfait en matière de contraception ; zéro décès maternel évitable ; et zéro violence sexiste ou pratique néfaste, comme le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines.

En Haïti, malgré certains progrès, les défis dans ces domaines demeurent. 2 sur 5 femmes ont des demandes non satisfaites en planification familiale ; 11% des filles âgées de 15 à 19 ans sont déjà mères ; 1 adolescente sur 10, âgée entre 15 et 19 ans, a déjà commencé sa vie procréative.

Texte : Vario Sérant