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Port-au-Prince, le 12 décembre 2022 --- Savez-vous qu’à La Saline, située à l’ouest de Port-au-Prince, les jeunes vivent dans la peur à cause de l’insécurité engendrée par l’affrontement des groupes armés ?

 

Une élève du Nouveau secondaire 4, au Lycée national de La Saline, qui participait à la commémoration de la Journée internationale des droits humains, à Port-au-Prince, par le HCDH, l’UNFPA et l’UNESCO, l’a précisé.

 

« Depuis des mois, le choléra menace nos droits à la vie dans un contexte de manque d’accès à l’eau potable”, a ajouté Chelsie Celissaint.

 

Elle se réjouit de la réouverture de son lycée, après trois ans de fermeture, Chelsie Celissaint rêve, de concert avec les jeunes des quartiers en proie à la violence armée, d’une “société apaisée et prospère où chaque enfant jouira pleinement de son droit à l’éducation”,  

 

Bilan lourd

 

Plus de 1.400 personnes ont été tuées et plus de 1.000 ont été enlevées par des gangs cette année en Haïti, selon le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Turk.

 

“C'est un pays où des gangs armés, qui seraient soutenus par les élites économiques et politiques, contrôlent plus de 60% de la capitale, où quelque 4,7 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë”, a-t-il déclaré.

 

Se battre

 

La Journée internationale des droits humains autour du thème « Dignité, liberté et justice pour tous » nous invite à “réfléchir sur les acquis, les combats menés ou les défis à relever dans le cadre de la promotion et la défense des principes et des valeurs qui protègent chaque individu”, a indiqué Chelsie Celissaint.   

 

“À La Saline, il y a aussi une communauté qui se bat pour vivre dans la dignité et le respect des valeurs humaines”, a déclaré la porteuse du message d’espoir et de paix.  

 

La commémoration de la journée internationale des droits humains s’effectue dans un contexte très violent et marqué par la résurgence du choléra, a estimé le Représentant du Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme en Haïti, Arnaud Royer. 

 

La violence et la peur

 

Les gangs utilisent "la violence sexuelle pour inspirer la peur et exercer un contrôle sur la population", selon le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk. Un rapport publié en octobre par l'ONU informe que des enfants “d'à peine 10 ans et des femmes âgées” sont à compter parmi les victimes de viols collectifs, dont certaines "ont été mutilées et exécutées après avoir été violées".

 


Le Représentant du Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme en Haïti, Arnaud Royer

“Les haïtiens perdent la vie ou sont kidnappés par des hommes lourdement armés, sans compter des milliers de personnes complètement démunies qui fuient leurs quartiers pour échapper à cette violence”,  a-t-il souligné.

 

“Nous ne pouvons pas et ne devons pas détourner notre regard de ce quotidien”,  a fait savoir Arnaud Royer.

 

Un levier face aux responsabilités

 

La déclaration des droits de l’homme, signée par Haïti, est “un levier qui s’offre aux haïtiens pour rappeler aux autorités leurs responsabilités et pour exposer les acteurs et les promoteurs de la violence et de dire que les crimes commis ne resteront pas impunis”, a-t-il mentionné.

Les Nations Unies parlent de catastrophe humanitaire en regard des différentes manifestations de la crise en Haïti.

Il y a une augmentation du nombre de personnes dans le besoin. Il y a un besoin accru d'assistance humanitaire, une augmentation du prix du carburant, une augmentation de l'inflation et une dépréciation de la Gourde.

Le contexte se traduit par un renforcement des violences basées sur le genre, des conséquences néfastes sur le système sanitaire et l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive notamment.

De nombreuses femmes et filles, ayant subi des violences, ont dû se réfugier dans des sites de personnes déplacées.

Réponse

L’UNFPA a dépêché dans ces sites des officiers communautaires, a indiqué la Représentante adjointe de  cette agence en Haïti. Ces derniers accompagnent les femmes dans les démarches pour un appui médical et psychosocial, a fait savoir Zalha Assoumana. Ces officiers communautaires les encadrent également dans les efforts pour l’accouchement et d’autres soins en santé maternelle et néonatale, a-t-elle ajouté.


Le Représentant de l'UNFPA en Haïti, Zalha Assoumana

On peut estimer à 20 000 le nombre de femmes enceintes qui risquent encore de ne pas pouvoir accéder aux soins de santé essentiels. On estime que 1468 femmes auront accès aux services liés aux VBG, aux services médicaux et psychosociaux sur un total de 7000 survivantes de violences sexuelles estimées au début du mois d’octobre.

Sur la base de l'enquête EMMUS VI de 2016-2017 et des données du SISNU, un pourcentage de 30 % de femmes haïtiennes âgées de 15 à 30 ans a été victime de VBG.

Pour répondre aux urgences obstétricales, un hospitainer ou structure chirurgicale est fonctionnelle dans les Nippes, plus précisément sur les ruines de l’Hôpital Communautaire de Référence de l’Asile qui a été détruit par le tremblement de terre. Il s’agit d’un don du Grand Duché du Luxembourg à Haïti, avec l’appui de l’UNFPA.

 

Le HCDH, l’UNFPA et l’UNESCO ont, en collaboration avec leurs partenaires nationaux, promu les valeurs de « Dignité, liberté et justice pour tous » à travers des activités artistiques et culturelles, tout en sensibilisant la population et les décideurs sur la nécessité du respect des droits de l’homme.

Un Patrimoine culturel immatériel

Les oeuvres du Village de Noailles (objets de décoration de noël et oeuvres utilitaires} ont été exposées.

Un climat de terreur entretenu par des gangs armés rivaux dans le village de Noailles, situé dans la commune de Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale, Port-au-Prince) persiste.

Les actions des groupes armés “constituent un crime contre le patrimoine culturel et particulièrement contre ce site de première importance Patrimoine culturel immatériel dans la production du métal découpé, classé, depuis 2020, Patrimoine culturel immatériel de la république d’Haïti”, condamnait le Ministère de la Culture et de la Communication en octobre  2022.

Texte : Vario Sérant

Photo : Michaël Isaac Junior Ambroise