C’est en présence notamment de plusieurs organisations de défense des droits des personnes handicapées et de diverses personnes à mobilité réduite que l’ONU et l’Union des femmes à mobilité réduite d’Haïti (UFMORH) ont commémoré la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre 2021, à Pétion-Ville.
Les interventions s’articulaient autour du thème principal « Leadership et participation des personnes handicapées pour construire un monde post-covid, inclusif et accessible ».
Environ 15% de la population haïtienne vit avec un handicap, selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
La situation socioéconomique des personnes handicapées est caractérisée par des inégalités par rapport au reste de la population, de l’avis de la Présidente de l’UFMORH, Charline Augustin.
Le Coordonnateur Résident du système des Nations Unies s’est réjoui du fait que l’État a déjà consenti beaucoup d’effort, notamment par la ratification de la Convention sur les droits des personnes handicapées en 2009 et l’adoption d’une loi nationale pour l’intégration des personnes handicapées en mars 2012.
Il reste toutefois beaucoup à faire pour parvenir à améliorer l’inclusion des personnes handicapées en Haïti, indique Bruno Lemarquis. Parmi les défis à surmonter, il a cité le manque d’accès des personnes handicapées à la justice, à un emploi décent, à l’éducation et à la santé, y compris en milieu rural, leur faible participation aux affaires politiques et publiques, les stéréotypes et pratiques discriminatoires manifestées à leur endroit ainsi que les violences et pratiques préjudiciables perpétrées contre eux. Il a appelé à un coude-à-coude de sorte à ne laisser personne de côté. « Men anpil chay pa lou, an n pa kite pèsonn dèyè », a-t-il lancé en créole.
Lemarquis a salué l’engagement des organisations de la société civile en termes de promotion et de défense des droits des personnes handicapées.
Le Représentant de l’UNFPA, Saidou Kabore, a, à travers le Représentant adjoint, Judicaël Elidje, souligné la nécessité d’inclure à tous les niveaux des personnes vivant en situation de handicap, du début à la fin, dans tous nos processus communicationnels. Une telle approche dans laquelle ils ont leur mot à dire et ils aident peut nous pousser à innover dans notre façon de faire, estime Elidje. « Le handicap ne devrait pas être perçu comme limitatif, mais plutôt comme quelque chose qui ouvre des opportunités pour faire des choses différemment comparés à ceux qui ont donné l’essentiel de leur mot », ajoute-t-il.
Le Ministre des Affaires Sociales et du Travail, Odney Pierre Ricot, a jugé louable la nomination par le Premier Ministre Ariel Henri d’un Secrétaire d’État pour l’implication des personnes handicapées.
Cette journée a permis un bilan de la situation des personnes handicapées à travers le monde et en Haïti plus précisément, a affirmé la Présidente de l’UFMORH.
Le premier panel - composé du chef de la section des droits de l’homme du BINUH, Arnaud Royer, de l’ex- Secrétaire d’État, Soinette Désir, Jean Louis Ouvens, Gabriel Desgraviers, Emilio Neas, Jean Chevalier Sanon, Mildred Latortue et Charline Augustin - a planché sur le respect des droits des personnes handicapées.
Le second panel - animé par Jacquis Sainvil, Formateur en langage des signes, et Vario Sérant, Officier de communication à l’UNFPA - était axé sur les stratégies inclusives du handicap en Haïti.
« Quand vous parlez à un sourd-muet, ne criez pas, et surtout parlez lentement en lui donnant la possibilité de voir vos lèvres », a suggéré Sainvil en termes de stratégies pour mieux communiquer avec les sourds-muets.
Texte et photos: Vario Sérant