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Les Nations Unies appellent la responsabilité de tous pour prévenir et éliminer la violence basée sur le genre qui affecte une femme sur quatre en Haïti. Les femmes restent les plus vulnérables à la précarité du travail et aux discriminations liées aux rôles sociaux et à la maternité. L´ONU soutient également l´État pour appliquer le quota de 30% au Parlement

Port-au-Prince le 25 novembre 2015. Les Nations Unies en Haïti ont comme priorité de renforcer leur soutien à la société et au gouvernement d´Haïti afin d´avancer dans l´égalité de genre comme élément transversal de l´agenda des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030 et en particulier de l´ODD spécifique numéro 5 : « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». 

À l’occasion de la journée de lutte contre la violence faite aux femmes, l’équipe des Nations Unies en Haïti rappelle que tous les acteurs sociaux sont responsables de promouvoir l´égalité de genre et encourage les efforts d´Haïti pour éradiquer la violence sexuelle et sexiste, améliorer l’accès des femmes à une éducation égalitaire, aux services de santé et à un emploi de qualité, ainsi que pour renforcer leur participation dans la vie politique, institutionnelle et économique. 

Les Nations Unies, considèrent les femmes comme agents du développement économique et non uniquement comme bénéficiaires de programmes de protection sociale. 

A cet égard, l´égalité de genre est impérative pour le développement et l´expérience montre que les pays qui investissent dans la promotion de la situation sociale et économique des femmes deviennent plus prospères. En ce qui concerne le développement d’une culture de paix, les Nations Unies encouragent les efforts du gouvernement et des différents acteurs sociaux d´Haïti afin d´éliminer de la vie publique et de la vie privée toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle et toutes autres types d’exploitation.

Malgré les progrès accomplis, la violence sexiste physique et psychologique continue d´affecter une femme haïtienne sur quatre.L´ONU encourage aussi le renforcement des capacités des femmes qui font face à de multiples obstacles, tels que : les pressions socio-économiques sur les ménages (surtout en période de crise ou à la suite d´un catastrophe naturelle), la précarité de l´emploi ou des discriminations liées à la maternité. 

Ce facteur est combiné avec un taux de fécondité élevé de 3.5 enfants par femme, particulièrement pour les femmes les plus jeunes (15-19 ans), qui peuvent se voir forcées à abandonner leurs études.Ces éléments ont contribué à une féminisation de la pauvreté puisque les femmes reçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes. 

Entre 2007 et 2012, le taux d´activité en Haïti a progressé de 20 points pour les jeunes hommes et seulement de 8,9 points pour les femmes. 

De plus, les femmes travaillent plus dans le secteur informel, sans droit à la sécurité sociale (55,9%) et sont moins représentées dans les emplois formels (30%). La précarité est plus accentuée dans les emplois domestiques et les femmes passent deux fois plus de temps que les hommes à ces tâches. A ce propos, l’ONU en Haïti soutient la société haïtienne et le gouvernement pour rendre effective la « Loi sur les Conditions du Travail Domestique » ainsi que celle sur la « Loi sur la Paternité, la Maternité et la Filiation ». 

Il est en effet crucial de promouvoir le partage des responsabilités dans les ménages et les familles et de valoriser les travaux domestiques non rémunérés. 

Par ailleurs, les Nations Unies en Haïti encouragent les actions de la société et du gouvernement haïtien afin de garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique. 

Haïti reste l´un des six pays au monde dont l’une des chambres parlementaires (le Sénat) n’a pas de représentation féminine. 

Dans la chambre des députés, la proportion est de 5 femmes pour 95 hommes, alors que la Constitution Haïtienne de 1987 établi le principe du quota d’au moins 30%. 

A cet égard, il est crucial que des instruments légaux définissent les modalités d´application de ce quota. En matière de santé, il est primordial de garantir l’accès de tous aux soins de santé sexuelle et reproductive et faire en sorte que chacun puisse exercer ses droits sexuels et en matière de reproduction. 

En Haïti la proportion des femmes dont l´accouchement a été assisté par un personnel de santé qualifié a augmenté depuis 2006 (de 24,2% en 2000 à 37,3% en 2013). Néanmoins, presque deux tiers des accouchements se font encore sans assistance qualifiée (notamment dans les régions rurales) et le taux de mortalité maternelle était parmi les plus élevés de la région d’Amérique Latine et Caraïbes avec 157 pour 100.000 en 2013. 

Cette situation est aussi liée à la santé de la reproduction. Même si 99% des haïtiens connaissent la contraception moderne, son utilisation a seulement augmenté de 22% en 2000 à 31% en 2012. 

Le pourcentage des jeunes femmes de 15 à 24 ans infectées par le SIDA est trois fois plus élevé que pour les jeunes garçons du même âge. 

De plus, en Haïti l´entrée dans la vie reproductive se fait en moyenne à l’âge de 16 ans et se trouve liée à la vulnérabilité sociale des jeunes. Néanmoins, il est positif de noter que la précocité diminue de 27% à 9% pour les adolescentes avec instruction.En ce qui concerne l´éducation, l´ONU encourage aussi les efforts d´Haïti pour avancer dans l’accès égalitaire des femmes et l´intégration dans les curriculums de l´égalité et la transformation des stéréotypes, dans l´éducation formelle et non formelle, en introduisant aussi l´égalité de genre dans les manuels et la formation du professorat. Dans l’enseignement primaire et secondaire on note une parité des sexes depuis 2000. 

Au niveau secondaire également la scolarisation des filles dépasse celle des garçons. 

Cependant, l’inégalité devient plus évidente en ce qui concerne les personnes ayant atteint des études supérieures (6,1% pour les femmes de 35 à 39 ans, tandis que 11,8% pour les hommes). 

Le niveau d’éducation faible affecte les femmes de manière prédominante et explique leur entrée précoce et sans qualification sur le marché du travail. Les Nations Unies soutiennent aussi Haïti dans des réformes visant à donner aux femmes les mêmes droits aux ressources économiques, ainsi qu’à l’accès à la propriété et au contrôle des terres et d’autres formes de propriété, aux services financiers, à l’héritage et aux ressources naturelles. 

En Haïti, 71% des femmes ne possèdent ni terre, ni maison; 20% possèdent un bien conjointement, et seulement 9% sont propriétaires. 

Pour finir, les Nations Unies en Haïti saluent la ratification des instruments légaux internationaux en faveur de l´égalité des sexes et encouragent l´application des dispositions législatives déjà initiées par le parlement et le gouvernement d´Haïti, notamment « La loi sur la paternité, la maternité et la filiation », « La loi sur les conditions du travail domestique », le « Projet de loi-cadre sur la prévention, la sanction et l´élimination des violences faites aux femmes et aux filles » et le quota de genre de 30% minimum prévu dans la Constitution.