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La fistule est en Haïti un mal méconnu qui ronge des milliers de femmes

 La fistule est en Haïti un mal méconnu qui ronge des milliers de femmes

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La fistule est en Haïti un mal méconnu qui ronge des milliers de femmes

calendar_today 23 Mai 2018

Le 23 mai ramène la Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale. La fistule obstétricale est une lésion grave et dangereuse susceptible de survenir lors d'un accouchement ou en cas de violence sexuelle. Il s'agit d'une brèche de la filière pelvi-génitale, c'est-à-dire l'ensemble des structures anatomiques que traverse le fœtus lors de l’accouchement. 

L’apparition d’une fistule obstétricale est directement liée à l’une des principales causes de mortalité maternelle : un travail difficile lors de l'accouchement ou l'absence de soins obstétricaux adéquats.

Les femmes qui présentent une fistule obstétricale souffrent d’une incontinence permanente, en ressentent de la honte et font l’objet de discrimination sociale. 

Cette affection évitable entraîne également à plus long terme des problèmes médicaux chroniques, tels que des infections cutanées, des troubles rénaux, voire le décès en l’absence de traitement.

Mes collègues ont travaillé sur le cas de Zelda, 31 ans, atteinte de fistule depuis 14 ans suite à un accouchement difficile au cours duquel elle a perdu ses jumelles. Vue d’abord par des matrones a Saint Michel de l’Attalaye, elle a été prise en charge par quatre hôpitaux successifs sans succès dans le nord du pays. Depuis 14 ans, elle traine la maladie. 

Opérée avec succès à l’hôpital de la Croix-des-Bouquets, dans le département de l’Ouest, en Haïti, Zelda attend de pouvoir rentrer chez elle et reprendre sa vie.

En Haïti, cette maladie touche généralement les membres les plus marginalisés de la société, à savoir les femmes jeunes, pauvres et illettrés des zones reculées. Beaucoup d´entre elles n´ont pas recours aux services de traitements, soit parce qu´elles ne savent pas que la fistule peut être guérie, soit parce qu´elles ne peuvent pas honorer le coût de l’opération.

En Haïti, les dernières données officielles de l'EMMUS indiquent que 64% des accouchements se déroulent à domicile et la mortalité maternelle reste élevée, soit 539 décès pour 100,000 naissances vivantes. Il y a environ 15% de complications liées à l´accouchement.

De tels indicateurs, joints aux déterminants socioéconomiques, font d´Haïti un terreau propice à la fistule obstétricale.

Le Fond des Nations Unies en Haïti que je représente ne saurait passer sous silence les défis liés à l’élimination de ce fléau.  C'est la raison pour laquelle je voudrais profiter de cette journée internationale pour attirer l’attention de tous ceux et celles concernés par cette lutte.  

A toutes ces jeunes haïtiennes souffrant de fistule je voudrais qu’elles sachent où qu’elles soient sur le territoire qu’elles ne sont pas seules. La maladie peut être vaincue.

La sexualité et ses enjeux ont évolué. On est passé de la prévention et du traitement des maladies sexuellement transmissibles à une approche globale de la santé sexuelle et de la reproduction.

En effet, la fistule obstétricale peut être évitée. Pour cela, il suffirait : de repousser l’âge de la première grossesse, de mettre fin aux pratiques traditionnelles préjudiciables, de permettre aux femmes d’avoir accès en temps voulu à des soins obstétricaux de qualité mais aussi de lutter efficacement contre les violences faites aux femmes.

En lisant ces lignes posez- vous la question: est-ce que mes proches courent le risque d’attraper la fistule obstétricale ? Et, que puis-je faire pour venir en aide à une des femmes souffrant en silence de ce fléau ?

 

Marielle Sander-Lindstrom

Représentante du Fond des Nations pour la Population en Haïti, UNFPA

 

http://www.lenouvelliste.com/article/187689/la-fistule-est-en-haiti-un-…;