Port-au-Prince, 16 juin 2022 --- À l’initiative de l’UNFPA et en appui au Ministère de la Santé Publique et de la Population, l’obstétricien gynécologue, Emmanuel Mégie André de la FOSREF, et le chargé de programme en planification familiale de l’UNFPA, Yves Thermidor, ont organisé une formation sur l’insertion du dispositif intra-utérin (DIU) à Hinche (Centre), du 13 au 17 juin, et des implants à Fort-Liberté (Nord-Est) du 20 au 24 juin 2022.
22 infirmières et sages-femmes ont participé à la première session de cette formation à Hinche.
Améliorer l’accès
Ces sessions de formation visent globalement à contribuer à améliorer l’accès de la population aux méthodes contraceptives de longue durée (DIU et Implants), indique le chargé de programme de planification familiale, jeunes et adolescents à l’UNFPA, Yves Thermidor.
La dynamique
L’atelier a allié la théorie (2 jours) et la pratique (3 jours). Les techniques d’apprentissage appliquées : brainstorming, présentation Powerpoint, partage d’expérience, travaux de groupe, démonstration, pratique sur mannequin, jeux de rôle, discussions, activité pratique sur bénéficiaires.
La phase pratique
La phase pratique consistait en l’insertion du DIU sur un mannequin, un modèle anatomique, de sorte à maîtriser les étapes, précise le formateur principal.
“Le modèle anatomique, c’est un matériel qui ressemble au bassin de la femme et qui contient le vagin, la matrice, les trompes et les ovaires”, ajoute Emmanuel Mégie André. C’est cette forme qu’elles ont reproduite en milieu hospitalier à partir du 15 juin 2022.
Les participantes ont utilisé un spéculum pour saisir le col du vagin et le maintenir au moment de l’insertion.
Dans les séances pratiques, nous avons appris comment insérer le matériel DIU, explique une infirmière sage-femme qui travaille à l’hôpital de Marmont, localité Hinche.
“La première chose est de faire l’éducation de la cliente”, souligne Esther Florestal. “Il faut passer le spéculum d’abord et faire ensuite l’asepsie vulvaire”, fait-elle savoir. “Le spéculum, c’est un matériel utilisé pour tirer le col de la matrice vers soi”, dénote Florestal. Car le matériel doit être inséré dans la matrice de la personne, déclare-t-elle.
“Nos structures sanitaires offrent déjà des services de planification familiale”, relève-t-elle. “C’est une bonne chose de pouvoir offir d’autres méthodes comme le DIU. Nous aurons à en faire la promotion. Nous allons aussi répliquer cette formation dans nos structures”, conclut Esther Florestal.
L’espoir
“Nous espérons que les connaissances et compétences acquises par ces 22 infirmières et sages-femmes permettront aux femmes de leurs localités d’adopter, suivant leur choix, le DIU ainsi que toutes les méthodes, de manière gratuite et dans de bonnes conditions”, estime Yves Thermidor.
Le DIU
Un DIU est un moyen de contraception inséré dans l'utérus par un professionnel de santé. C’est un dispositif contraceptif, le plus souvent en forme de « T » qui mesure autour de 3 cm de long. Le médecin ou la sage-femme l’insère dans l'utérus.
Le DIU se termine par un fil qui est coupé très court par le médecin ou la sage-femme au moment de la pose. Il est assez long pour permettre au médecin ou à la sage-femme de retirer le DIU avec une petite pince. Ce morceau ne gêne pas le partenaire pendant les rapports sexuels.
Renforcement de capacité
En plus d’appuyer le Ministère de la Santé Publique et de la Population dans l’approvisionnement en intrants contraceptifs à hauteur de 75%, l’UNFPA facilite le renforcement des capacités des prestataires pour la fourniture des méthodes de planification familiale de longue durée.
Le MSPP accorde la priorité à la formation en DIU, une stratégie qui permettrait à la population de pouvoir accéder à une méthode de longue durée additionnelle dont la durée d’action est de 12 ans.
Les indicateurs
Les départements du Centre et du Nord-est, qui accueillent ces sessions de formation, accusent respectivement une fécondité chez les adolescentes de 14% et 11%.
Haïti accuse une prévalence en planification familiale de 32% avec des besoins non satisfaits de 38%. Ces deux départements ont un besoin non satisfait de l’ordre de 35% pour le centre et 38% pour le Nord-Est.
Par contre, leur indice synthétique de fécondité est plus élevé que la moyenne nationale, soit 3.6 pour le Nord-Est et 4.2 pour le Centre.
Selon la chargée de programme santé de la reproduction du Centre, Engreend Pyram, il importe d’augmenter la prévalence contraceptive dans le pays, et particulièrement dans le Plateau Central, dans le cadre d’une stratégie pour réduire le taux de mortalité maternelle.
En Haïti, 10% des filles de moins de 19 ans sont déjà fécondes, soit 8% ayant déjà au moins un enfant, et 2% sont enceintes.
Avec un taux de mortalité maternelle avoisinant les 529 pour 100000 naissances vivantes, selon l’EMMUS VI, Haïti reste le pays de la région accusant un taux le plus élevé.
Texte et photos: Vario Sérant