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Port-au-Prince, 07 avril 2022 --- Le Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications a lancé, le 23 mars 2022, aux Cayes, le projet “Renforcement de la protection et la résilience des communautés, dans les zones de déploiement des infrastructures routières dans le Grand Sud, en matière de lutte contre les violences basées sur le genre et les exploitations et abus sexuels”.

Ce projet est financé par la Banque Mondiale pour 1 019 789 dollars. Il couvrira jusqu’au 30 juin 2023 trois départements :

18 communes de 3 départements

Le Sud à travers 8 communes : Fond-des-Blancs, Côteaux, Roche-à-Bateaux, Port-à-Piment, Chardonnières, Cavaillon, Fonds-des-Nègres et Aquin

Les Nippes par le biais de 4 communes : Baradères, Petit-Trou-de-Nippes, Petite-Rivière-de-Nippes et l’Asile,

Le Sud-Est par l’intermédiaire de 6 communes : Thiotte, Anse-à-Pitres, Marigot, Bainet (ou sa deuxième section communale Tikita plus précisément), Belle-Anse et Côtes-de-Fer.

Ce projet cible 33 586 bénéficiaires, notamment des femmes et des filles à risque ou survivantes de violence basée sur le genre, d’exploitation et d’abus sexuels, indique Taina Camy, responsable de projet à l’UNFPA.

Mise en oeuvre

Selon la responsable de la question du genre de l’Unité Centrale d’Exécution (UCE) du MTPTC, Eveline Larrieux, dans le cadre du PARR (projet d’accessibilité et de résilience rurale en Haïti), l’UNFPA sera le partenaire qui assurera la mise en oeuvre de ces actions prévues pour accompagner les potentielles femmes et filles survivantes de violences au niveau de ces 18 communes d’intervention du projet situées dans les départements du Sud, des Nippes et du Sud-Est.

L’UCE compte sur ce partenaire pour que les femmes et les filles de ces 18 communes d’intervention du projet soient sensibilisées pour prévenir la violence de genre dans les communautés, précise-t-elle.

Communautés mobilisées

L’Unité souhaite que les communautés soient mobilisées pour identifier tout potentiel acte de violence dans les communautés ou sur les chantiers, que les communautés participent à la dénonciation des cas de violence exercés contre les femmes et les filles, que les survivantes se réfèrent vers les services multidimensionnels auxquels l’UNFPA facilitera l’accès dans les communautés selon les besoins des survivantes.

Les services multisectoriels, comme l’accueil, l’accompagnement au niveau social, médical et légal établis par l’État Haïtien dans les communautés d’intervention des projets d’infrastructure du PARR, dans le cadre d’un partenariat de l’UCE du MTPTC avec l’UNFPA, représentent une application des engagements pris par l’État Haïtien par devant le concert des nations, souligne Larrieux.

Respect des droits des femmes sur le chantier

L’UCE espère que les firmes et les techniciens du chantier respecteront les droits des femmes qui travailleront sur le chantier dès qu’elles ont les compétences pour faire le travail. Les femmes et les filles dans les communautés ont le droit de vivre dans des communautés sans violence.

Ne ménager aucun effort

La Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, Sofia Loréus, invite tout un chacun à ne ménager aucun effort pour l’atteinte des objectifs fixés. Il s’agit du renforcement des capacités des femmes et des filles pour une lutte efficace contre les violences faites aux femmes et aux filles au sein de la communauté, indique la Coordonnatrice du Sud du MCFDF qui parlait en son nom.

Il est question aussi de définir et pratiquer les mécanismes de plainte et feed-back communautaire qui seront mis en place pour dénoncer, signaler de manière confidentielle et suivre toute situation d’inconduite, ajoute Dichlie Sylvain.

Elle invite les bénéficiaires et la communauté à cultiver la pratique de dénonciation des cas de violence basée sur le genre. Car c’est de cette manière que nous pourrons venir à bout de ce phénomène.

Non aux violences

En Haïti, 30% des femmes et filles de 15 à 49 ans sont victimes de violence physique. 34% de femmes en couple sont victimes de violences conjugales. 37% des cas de violence génèrent des blessures graves. Mais rares sont les femmes qui acceptent de briser le silence sur cette violence par peur de représailles.

Pour atteindre les ODD

Selon le Représentant de l’UNFPA en Haïti, Saidou Kabore, les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 ne seront pas atteints si partout dans le monde, et particulièrement en Haiti, nous ne prenons pas en compte les droits des femmes.

Il a évoqué ce témoignage d’une violence conjugale : Quand il me frappait, mon fils lui disait : « Papa arrête! » Comme il est jeune, il se tenait près de moi et ne comprenait pas ce qui se passait. Mais il disait toujours à son père de ne pas me frapper.

Saidou Kabore félicite le MTPTC et le MCFDF d’avoir fait en sorte que le projet de construction de routes prenne en compte les femmes.

“Construire des routes, c’est construire l’avenir. Mais on ne construit pas l’avenir si on ne tient pas compte des femmes et des filles”, ajoute-t-il.

Comme dit le slogan de la cérémonie “Aucun homme ne vivra en paix si les femmes ne vivent pas en paix, si les femmes ne vivent pas sans violence”.

L’engagement des Nations Unies renouvelé

Le Représentant de l’UNFPA réitère l’engagement du Système des Nations Unies - l’UNICEF, l’ONU Femmes, toutes les agences des Nations Unies - aux côtés du MTPTC et de la Banque Mondiale ainsi que du MCFDF pour faire en sorte que la construction de ces routes ne soit pas impactée négativement par des acteurs de prédateurs qui vont s’en prendre aux filles et aux femmes et bloquer ainsi l’avenir de cette région.

Pour la professionnalisation

La Mairesse des Cayes, Marie Michèle Sylvie Rameau, plaide pour la professionnalisation des filles et des femmes. “Pour renforcer leur résilience, elles doivent être des professionnelles qualifies”.

Gouvernement et ONGs

Ce projet appuie la politique du Gouvernement, notamment celle des ministères des Travavaux Publics, à la Condition Féminine, de la Santé Publique, de la Justice, des Affaires Sociales, ainsi que du Bureau du Secrétaire d’État pour l’intégration des personnes handicapées.

Des Organisations non gouvernementales dotées d’un ancrage communautaire et d’une expérience en gestion de cas de violence basée sur le genre interviennent également dans ce projet. Il s’agit notamment de “Solidarite Fanm Dayiti” (SOFA) et du consortium URAMEL qui regroupe Kay Fanm et Fanm Deside.

La cérémonie de lancement du projet s’est déroulée en présence d’une centaine de personnes, dont des représentants d’entités étatiques, des pouvoirs locaux, d’agences des Nations Unies, d’organisations communautaires de base, des membres d’organisations feministes et féminines, des jeunes et adolescents-es.

Texte: Vario Sérant

Photo: Ralph Tedy Erol