Port-au-Prince, 24 septembre 2024 --- Le Bureau du Secrétaire d’État à l’intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH) s’engage à collaborer avec les institutions de la société civile et les institutions internationales afin de promouvoir l’enseignement et l’utilisation des langues des signes.
Le Bureau entend renforcer les efforts visant à codifier les langues des signes pour parvenir à une langue des signes nationale.
“Nous devons oeuvrer pour construire un monde plus inclusif, solidaire et équitable au profit de cette catégorie de citoyens trop longtemps considérée comme un monde à part, déclare le Directeur de Planification du Bureau du Secrétaire d’État à l’intégration des Personnes Handicapées, Louis Arlext Noël, au nom du Secrétaire d’État.
La Protection Civile va travailler, dans le cadre du PNGRD, avec le BSEIPH afin d’adapter les messages de sensibilisation en 3 langues : français, créole et langue des signes, explique le Directeur Général de la Protection Civile. “Nous allons systématiser cette pratique lors des alertes pour que les messages soient à la portée des personnes sourdes”, ajoute Emmanuel Pierre.
“Il ne faut laisser personne de côté”, précise le Directeur général de la Protection Civile, rappelant que la question du handicap est prise en compte au niveau de la Protection Civile.
L’UNFPA souligne que la raison d’être d’une programmation inclusive du handicap, transformatrice de genre et basée sur les droits est de mettre fin à la violence basée sur le genre et parvenir à la Santé Sexuelle et Reproductive et garantir les droits en la matière.
Selon le Représentant adjoint de l’UNFPA en Haïti, Jean Pierre Makelele, il y a déjà des acquis significatifs comme la signature par Haïti de la convention relative aux droits des Personnes Handicapées en 2009, la création du Bureau du Secrétaire d’État à l’Intégration des Personnes Handicapées en 2007 et la loi portant sur l’intégration des personnes handicapées en 2012.
Il est important, selon lui, d’inclure les personnes vivant avec un handicap dans les différents projets en vue de créer un environnement inclusif dans lequel tout le monde se sent accepté, valorisé et ciblé dans la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des programmes / projets.
SI nous voulons une société inclusive, nous devons nous assurer que chaque personne sourde a accès à l’information, à l’éducation et aux services essentiels en prenant en compte la langue des signes, souligne Renise Rendel qui s’exprimait au nom des malentendants.
Cherchons à matérialiser l’inclusion à travers des actions concrètes, indiquent la Fédération Nationale des Personnes Sourdes d’Haïti et l’Organisation Haïtienne d’Assistance et d’Accompagnement aux Sourds.
A l’occasion de la Journée internationale des langues des signes, le Directeur de Planification du Bureau du Secrétaire d’État à l’intégration des Personnes Handicapées, Louis Arlext Noël, invite à tourner les projecteurs vers l'École Saint Vincent pour enfants handicapés et vers l'Institut Montfort, deux institutions pionnières dans l'enseignement des langues des signes en Haïti.
“Il est regrettable de signaler que l’Institut Montfort n’est pas en mesure de continuer à offrir ses services à des centaines d’enfants sourds et malentendants, simplement parce que des bandits armés ont pillé et saccagé les locaux de ce grand patrimoine, situé à Croix-des-Bouquets”, indique Noël.
Il exprime sa solidarité envers l'Institut Montfort et les autres institutions accueillant des enfants handicapés qui traversent actuellement des moments difficiles. C’est le moment idéal pour lancer un cri d’alarme en faveur des dizaines d’enfants en situation de handicap sensoriel, en âge scolaire, mais sans accès à l’éducation. “Il est anormal et injuste que ces enfants aveugles et sourds soient privés de l’instruction”, déplore-t-il.
Haïti compte 72000 sourds, selon le recensement de 2003. 15% de la population vivent avec un handicap.
Les personnes vivant avec un handicap affrontent plusieurs barrières liées à l’accès à la santé, à l’éducation, à l’emploi et aux services sociaux de base, explique la Directrice de Enpak, Jo Ann Garnier. “Leur exclusion perpétue le cycle de la pauvreté et de la dépendance”, commente-t-elle.
La langue des signes est la forme de communication privilégiée de plus de 70 millions de personnes sourdes et malentendantes à travers le monde. “C'est cette symbiose entre l'identité linguistique et la diversité culturelle des membres de la communauté des sourds et malentendants qui a conduit à la proclamation de la Journée internationale des langues des signes par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2017, afin de garantir et de préserver le droit à la différence, le droit à l'éducation et à l'information de ces communautés à travers le monde”, rappelle le BSEIPH.
Texte et photos : Vario Sérant