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Pour un meilleur accès à la planification familiale en Haïti

Port-au-Prince, Haïti, le 28 septembre 2018 --- “La façon dont j’entendais parler du planning me faisait peur. Mais après deux formations que j’ai suivies, dont une ce matin, j’ai réalisé que ce que j’en pensais n’était pas vrai”.

Mydarling venait de se faire administrer un contraceptif injectable - qu’elle nomme “piqure 3 mois” - à l’occasion d’une foire de santé organisée à Port-au-Prince, par la Profamil, avec le support de l’UNFPA, dans le cadre de la célébration de la Journée Mondiale de la Contraception, le 26 septembre.

En Haïti, les injectables sont la méthode la plus populaire parmi les femmes en union tandis que le condom masculin est la méthode la plus populaire parmi les femmes célibataires et sexuellement actives, selon les résultats de l’enquête Mortalité, Morbidité, Utilisation des Services (EMMUS-VI, 2016-2017).

“Le planning est quelque chose qui t’aide à gérer ta vie pour ne pas avoir beaucoup d’enfants et pour pouvoir prendre soin de ceux que tu as déjà”, explique Mydarling, âgée de 32 ans et mère de 2 enfants.

Plusieurs autres femmes défavorisées ont adopté ce jour-là une méthode de planification familiale (PF). Parmi elles, Vanessa, 27 ans, et mère de 4 enfants, dont l’ainé a 9 ans et le benjamin 1 an. Elle confie avoir eu ses 4 enfants par accident. Autrement dit, elle a eu des grossesses non planifiées.

38 % des femmes en union ont des besoins en matière de Planification familiale non satisfaits, 34 % ont des besoins satisfaits. La demande totale en PF est de 72 %. Cela veut dire que 72 % des femmes veulent différer la venue d’un enfant ou ne plus avoir d’enfant.

Et pour cause, les femmes ont généralement plus d’enfants que ce qu’elles souhaiteraient. Le taux de fécondité désirée est de 1,9 enfant alors que la fécondité actuelle est de 3,0 enfants, soit un écart en fécondité de 1,1 enfant au niveau national. 

“Nous avons rendu disponibles - gratuitement - une gamme de services PF pour encourager les gens à adopter une méthode contraceptive”, indique le Directeur exécutif de la Profamil, le Dr. Gianni De Castro.

La prévalence contraceptive a augmenté depuis 2005-2006, mais elle a très faiblement progressé entre 2012 et 2016-2017, passant seulement de 31% à 32%.

Pour justifier l’importance de la planification familiale, Dr De Castro évoque, entre autres, les grossesses non désirées qu’il faut prévenir ainsi que les avortements dans de mauvaises conditions, une des causes du taux élevé de mortalité maternelle en Haïti, 529 décès pour 100,000 naissances vivantes.  Selon EMMUS-VI, parmi les femmes de 15-49 ans, 4% ont déclaré avoir eu recours à l’avortement, au moins une fois, au cours de leur vie.

Pour l’UNFPA, la grossesse chez les adolescentes est source de préoccupation parce que, dans la majorité des cas, elle empêche la femme de développer son plein potentiel afin de participer pleinement dans le processus de la construction d’une société prospère. 10% des jeunes filles, de la tranche d’âge 15-19 ans, ont déjà commencé leur vie procréative, plus de 50% des adolescentes n’ont pas accès à une méthode de contraception, qu’elles aimeraient utiliser. 

La journée mondiale de la contraception a été initiée en 2007 et vise à améliorer la connaissance des gens sur les méthodes contraceptives disponibles et de permettre aux jeunes de faire des choix éclairés en matière de planification familiale.

Outre la foire de santé, la journée mondiale de la contraception a été marquée par plusieurs autres activités d’information et de sensibilisation, souligne Dr De Castro, précisant avoir combiné ces différentes activités avec la journée mondiale pour la dépénalisation de l’avortement (le 28 septembre).

Texte et photo : Vario Sérant