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Quand des sages-femmes font une différence dans la santé reproductive des femmes et des filles

Quand des sages-femmes font une différence dans la santé reproductive des femmes et des filles

Quand des sages-femmes font une différence dans la santé reproductive des femmes et des filles

calendar_today 21 Novembre 2016

Beaumont (Grand´Anse), 17 novembre 2016 --- ¨Je me tordais de douleur ce vendredi 11 novembre. Heureuse coïncidence : Miss Lizaire m´a visitée ce jour-là. Elle m´a prise en charge. J´ai accouché d´un bébé qui se prénomme Sonaldo, un garçon. Je conseille aux jeunes de la commune de Beaumont qui sont enceintes, de visiter Miss Lizaire¨.

Emmanuella Jeanty, 31 ans, raconte son histoire avec délectation. Ce n´est pas une histoire banale, étant donné l´absence d´infrastructures sanitaires à Beaumont, une des communes du département de la Grand´Anse (sud-ouest d´Haïti) touchée par l´ouragan Matthew. Le seul hôpital dont disposait la commune a été complètement détruit par l´ouragan.

Déjà avant l´ouragan, la vie était rude à Beaumont, particulièrement pour les femmes et les bébés, explique Jeanty. ¨Maintenant,  la situation a empiré. Il n´y a pas d´hôpital, il n´y a même pas de vaccin pour donner aux bébés ¨.

Miss Kétia Lizaire, dont l´accouchée vante le professionnalisme, la patience et la générosité, fait partie des 10 sages-femmes déployées, après l´ouragan, par l´UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, en coordination avec le Ministère de la Santé Publique et de la Population, dans la Grand´Anse et les Nippes, afin de renforcer la prise en charge des femmes et filles enceintes et des nouveau-nés.

¨Je crée des activités, afin que les habitants de Beaumont sachent qu´il y a une infirmière sage-femme dans la zone, de sorte que les gens fréquentent le dispensaire des prêtres où j´offre des consultations prénatales, car le taux d´accouchement à domicile va obligatoirement augmenter après l´ouragan, indique Miss Lizaire.

En deux semaines, cette infirmière sage-femme a déjà, en plus de son travail quotidien au dispensaire ¨La Providence¨, animé 3 cliniques mobiles, effectué une trentaine de visites domiciliaires pour recenser les femmes enceintes, échanger avec elles et les accoucher le cas échéant. Elle a également visité des matrones et effectué plusieurs séances de sensibilisation dans les marchés pour encourager les femmes à aller au dispensaire pour les consultations prénatales.

A Jérémie, chef-lieu du département de la Grand´Anse, Miss Magdala Bourdeau fait partie des deux sages-femmes à être déployées à l´hôpital Saint-Antoine. Les deux sages-femmes assurent la prise en charge de deux tiers des patientes reçues journellement.

¨Depuis le 3 novembre, nous avons réalisé plusieurs accouchements et reçu plusieurs types de pathologies telles que pré-éclampsie, anémie sévère, hypertension artérielle et grossesse précoce¨, souligne Miss Bourdeau. 

Le jour de notre passage à la maternité de l´hôpital de Jérémie, nous avons en effet rencontré une adolescente de 16 ans, qui venait d´accoucher d´une fille, dont elle n´a pas encore choisi le prénom.

Le mari de Guirlène est tout aussi jeune. Assis près de son lit, il avait le regard perdu. Il évoquait un accident pour expliquer la grossesse. ¨Entre jeunes, on jouait, mais ça a eu une tournure sérieuse¨,  précise-t-il.

En Haïti, 14% des adolescentes ont déjà commencé leur vie féconde tandis que 11% ont au moins un enfant.

L´UNFPA œuvre, depuis bientôt un mois, auprès du Gouvernement et de la communauté humanitaire, pour que les besoins urgents de plus de 546,000 femmes et filles soient adressés après le passage de l´ouragan.

Le Fonds met l´emphase sur près de 13,650 femmes enceintes qui vont donner naissance dans les trois prochains mois, dans un environnement privé des services de santé de la reproduction.

Entre autres initiatives, l´UNFPA assure la fourniture de 261 kits de santé de la reproduction pour couvrir les besoins de 390,000 personnes dans les 4 départements les plus touchés par l´ouragan.

Mais la mise en œuvre de son plan d´urgence de 6 mois achoppe sur la faible mobilisation des donateurs, relève la Représentante de l´UNFPA en Haïti. Ledit plan n´a été en effet financé qu´à 24%, un mois après le passage de l´ouragan, rappelle Marielle Sander.