Port-au-Prince, 27 août 2024 --- Le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) a organisé, de concert avec le Système des Nations Unies en Haïti, un symposium national sur « la place des femmes dans la transition : Harmonisons-nous pour lutter contre les violences basées sur le genre (VBG) », le 27 août 2024, à Pétion-Ville.
Ce symposium national visait à favoriser un espace de dialogue permettant aux acteurs étatiques et non étatiques d’exprimer leur compréhension sur la place des femmes et des filles dans la transition.
Ce symposium devait proposer des actions réalistes capables d’aider le MCFDF dans la mise en œuvre de sa feuille de route en regard des cinq grands axes ou chantiers de la transition.
“Dans un avenir proche, les gangs seront un mauvais souvenir”, a déclaré le Coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition. Faisant référence à l’esclavage sexuel auquel les gangs soumettent de nombreuses femmes et filles, Edgard Leblanc a souhaité que le symposium aide à l’adoption de meilleures stratégies pour lutter contre les violences basées sur le genre.
La situation humanitaire en Haïti s'est détériorée avec l'intensification des violences armées, exposant les femmes et filles à des risques accrus de violences basées sur le genre.
Le Premier Ministre a souhaité une participation effective des femmes à toutes les décisions qui concernent le pays.
Garry Conille a indiqué que le gouvernement va rajeunir l’administration publique et y intégrer davantage de femmes.
La Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes a indiqué la détermination de son ministère pour faire avancer la parité Homme / Femme.
Marie Françoise Suzan a fait état de la disponibilité de plus de 25 millions de gourdes dans le cadre de la lutte pour briser le cycle de la violence à l’encontre des femmes et de 50 millions de gourdes pour aider des femmes en détention à retrouver leur dignité et à garder espoir.
94% des femmes et filles sont à risque de VBG en Haïti.
72% des incidents de VBG sont des violences sexuelles, principalement commises par des membres de gangs.
Les femmes et les filles représentent plus de la moitié des 580,000 personnes déplacées en Haïti.
La Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice humanitaire de l’ONU en Haïti s’est exprimée en faveur de l’égalité en matière de droits, de pouvoir et d’influence.
Ulrika Richardson a souhaité la participation des femmes dans l’Administration publique suivant le quota de 30%, comme indiqué dans l’article 17.1 de la Constitution.
Ces interventions ont été suivies d’un panel sur un état des lieux sur la situation des femmes et cinq ateliers spécifiques sur des piliers de l’action gouvernementale. Les ateliers devaient aboutir à l’élaboration d’un cahier de charge sur la transition.
L’Accord du 3 avril 2024 pour une transition pacifique et ordonnée, le Décret du 10 avril 2024 portant création du Conseil Présidentiel de Transition, et le Décret du 23 mai 2024 déterminant son organisation et mode de fonctionnement assignent au Conseil Présidentiel de Transition et au Gouvernement dirigé par son Premier Ministre, la responsabilité de la réalisation des cinq (5) grands Axes ou Chantiers de la transition indiqués dans ledit accord :
- Sécurité publique et nationale ;
- Redressement économique, réhabilitation des infrastructures, sécurité alimentaire et sanitaire ;
- Conférence nationale et la question constitutionnelle ;
- Etat de droit et justice ;
- Elections pour le renouvellement du personnel politique.
Le Premier Ministre a commencé à matérialiser cet engagement le 17 juillet 2024 en remettant à la Ministre Marie Françoise Suzan la feuille de route du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes. Celle-ci contient les indications t définies pour la mise en œuvre des cinq (5) grands axes ou chantiers de la transition par le MCFDF. Cela traduit, à en croire le MCFDF, la volonté et l’engagement du Premier Ministre et du Conseil Présidentiel d’accorder une place prépondérante aux femmes et filles dans la transition selon les principes d’égalité, d’équité et d’inclusion.
Cependant, les femmes aussi bien que les filles ne pourront pas occuper ni jouir de cette place dans la transition sans surmonter les obstacles majeurs liés à la persistance des stéréotypes sociaux, aux différentes formes de violences physiques et sociales dont les violences basées sur le genre (VBG) auxquelles sont exposées quotidiennement les femmes et les filles, surtout celles vivant dans les campements de déplacés en raison des violences provoquées par des gangs armés. Il conviendra de surmonter aussi les obstacles liés à l’autonomisation socioéconomique, la participation politique et électorale des femmes et des filles.
La sociologue et militante féministe Daniele Magloire s’est plainte de la tenue d’autant de symposiums sans qu’il n’y ait eu de résultat.
L’UNFPA et ONU Femmes en Haïti ont présenté conjointement une note stratégique de l'équipe humanitaire Pays (EHP) pour le renforcement de la prévention et la réponse inclusives aux violences basées sur le genre en Haïti.
Cette note vise à renforcer l'accès aux services pour les survivantes de VBG, améliorer la coordination entre les acteurs humanitaires, promouvoir l'autonomisation économique des femmes et filles vulnérables et accroître la participation des femmes dans la gestion humanitaire.
Texte : Vario Sérant
Photos : Michael Isaac Junior Ambroise