Port-au-Prince, 10 juin 2020 --- Les Centres pour le Développement et la Santé (CDS) - en coopération avec la Direction Sanitaire du Nord-Ouest (DSNO) - ont organisé, du 4 au 23 Mai 2020, avec l’appui de l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, plusieurs cliniques mobiles dans des zones très reculées et défavorisées du Nord-Ouest d’Haïti, tout en respectant strictement les mesures de précaution pouvant réduire la propagation de la COVID-19. Des centaines de femmes enceintes et femmes allaitantes ont pu recevoir des soins lors de ces cliniques.
Plusieurs de ces femmes confient qu’elles donnent généralement naissance à leurs bébés chez elles et n’ont pas non plus l’habitude d’avoir des suivis prénatals réguliers. « Si j’avais eu dans le passé la chance de participer à une de ces cliniques mobiles de proximité, j’aurais pu ne pas perdre mes bébés », déclare Adeline, estimant que celles-ci peuvent réduire réellement la mortalité maternelle et néonatale dans sa communauté.
Depuis l’arrivée de la pandémie en Haïti, la crainte de la contamination à la COVID-19 est à la base de la fermeture de certains centres qui offrent gratuitement les services pré et postnataux aux femmes n’ayant pas la capacité économique de payer lesdits services. Ce fait tend à aggraver la situation de certaines femmes qui, en raison du ralentissement drastique des activités économiques qu’elles entreprennent pour gagner leur vie, ne peuvent plus se payer certains services de santé. Cela fragilise les acquis et risque de favoriser une augmentation de la mortalité maternelle en Haïti.
Ce risque s’agrandit en effet avec la baisse de la fréquentation des institutions de santé constatée dès les premiers cas confirmés de Covid-19. Haïti a le taux de mortalité maternelle le plus élevé de la région des Caraïbes, soit 529 décès pour 100 000 naissances vivantes.
Le projet « Saj Fanm pou Fanm » (Sage-femme pour les femmes) avec le financement du Gouvernement Canadien et le Fonds d’Urgence « CERF » financé par le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) aident à minimiser ces risques en facilitant la proximité des services auprès des communautés reculées, en renforçant l’accès aux soins de santé reproductive dans les neuf communes d’implémentation de ces projets, ce qui garantit la continuité des services, même pendant la crise sanitaire provoquée par la Covid-19.
Domiciliée à Fond Ramier, dans la commune de Chansolme, Adeline, de condition économique plus que précaire, en est à sa sixième grossesse avec cinq enfants vivants. En janvier 2020, elle avait donné naissance chez elle à des triplés qui n’ont pas survécu.
« J’avais fait une seule visite prénatale lorsque j’étais à 2 mois de grossesse et je n’ai jamais remis les pieds dans un centre hospitalier », témoigne Adeline, affirmant que « c’était comme ça pour les autres grossesses antérieures ».
Adeline a suivi les conseils des professionnels de santé qui animaient la clinique mobile de Fond Ramier en adoptant une méthode de planification familiale.
Lors de ces cliniques mobiles, des seaux à robinet et des masques en tissu ont été distribués dans le cadre des dispositions de prévention et de protection contre la Covid-19.
CDS a en outre réalisé - en collaboration avec les partenaires locaux de l’UNFPA dans la lutte pour l’amélioration de la santé reproductive - des visites domiciliaires et médicales ainsi que des rencontres avec les accompagnatrices de naissance. Ces visites visaient à augmenter la connaissance des femmes enceintes sur les signes de danger et les conduites à tenir en cas d’aggravation de ces signes. Elles cherchent aussi à les sensibiliser sur l’importance des mesures d’hygiène concernant la Covid-19, sensibiliser les nouvelles mamans sur l’importance des consultations post-natales et prodiguer des soins médicaux aux femmes visitées (gestantes et parturientes) au besoin.
D’ici au 30 juin 2020, plus de 4000 femmes enceintes bénéficieront de ces consultations prénatales. Les femmes allaitantes auront accès à des consultations post-natales et pourront faire des tests de dépistage VIH/Syphilis, afin que ces femmes puissent accéder à un traitement et prévenir la transmission à leurs enfants. Ces cliniques mobiles contribueront à l’amélioration de la connaissance de milliers de femmes du Nord-Ouest sur la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, tout en utilisant le système de référence institutionel à partir du réseau d’institutions sanitaires.
Photo : CDS