Port-au-Prince, le 8 mars 2016- À l’occasion de la Journée internationale de la femme, l’équipe des Nations Unies en Haïti rappelle que tous les acteurs sociaux ont la responsabilité de promouvoir l´égalité de genre. Les Nations Unies en Haïti encouragent les efforts en cours pour renforcer la participation des femmes dans la vie politique, institutionnelle, sociale et économique, ainsi que pour éliminer la violence sexuelle et améliorer l’accès des femmes et des filles à une éducation égalitaire, aux services de santé et à un emploi de qualité. Les femmes sont des agents du développement économique et non uniquement des bénéficiaires de programmes de protection sociale. A cet égard, l´égalité de genre est impérative pour le développement. L´expérience mondiale montre que les pays qui investissent dans la promotion de la situation sociale et économique des femmes deviennent plus prospères.
Les Nations Unies en Haïti ont comme priorité de continuer de renforcer leur soutien à la société et au gouvernement d´Haïti afin d´avancer dans l´égalité de genre comme élément transversal de l´agenda des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030, et en particulier de l´ODD numéro 5 : « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».
En ce qui concerne le développement d’une culture de paix, les Nations Unies encouragent les efforts du gouvernement et des différents acteurs sociaux d´Haïti en vue d´éliminer de la vie publique et de la vie privée toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle et toutes les autres types d’exploitation. Malgré les progrès accomplis, la violence physique et psychologique continue d´affecter une fille ou femme haïtienne sur quatre. À cet égard, l´ONU encourage fortement une protection particulière pour les femmes et jeunes filles en situations vulnérables, telles que les femmes déplacées ou migrantes dans le besoin.
L´ONU soutient aussi le renforcement des capacités des femmes qui font face à de multiples obstacles, tels que : les pressions socio-économiques sur les foyers (surtout en période de crise ou à la suite d´un catastrophe naturelle), la précarité de l´emploi ou des discriminations liées à la maternité. Ce facteur est combiné avec un taux de fécondité élevé de 3.5 enfants par femme. Une adolescente de 15-19 ans sur 7 (14%) a déjà eu une naissance ou est enceinte pour la première fois; ce qui augmente les abandons scolaires.
Ces éléments, joints à d´autres, ont contribué à une féminisation de la pauvreté puisque les femmes reçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes. Entre 2007 et 2012, le taux d´activité en Haïti a progressé de 20 points pour les jeunes hommes, mais de seulement de 8,9 points pour les femmes. De plus, la part des femmes est plus importante dans le secteur informel (55,9%), avec plus de précarité et sans droit aux mesures de sécurité sociale, et sont moins représentées dans les emplois formels (30% contre 70% d´hommes).
Par ailleurs, les femmes passent deux fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques au sein des foyers. A ce propos, l’ONU en Haïti soutient la société haïtienne et le gouvernement pour rendre effective la « Loi sur les Conditions du Travail Domestique » ainsi que celle sur la « Loi sur la Paternité, la Maternité et la Filiation ». Il est en effet crucial de promouvoir le partage des responsabilités dans les ménages et les familles et de valoriser les travaux domestiques non rémunérés.
Les Nations Unies en Haïti encouragent également les actions de la société et du gouvernement haïtien destinées à garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique. Haïti reste l´un des six pays au monde dont les deux chambres parlementaires (le Sénat et la Chambre des députés) n’ont pas de représentation féminine, alors que la Constitution Haïtienne de 1987 établit le principe du quota d’au moins 30%. A cet égard, il nous semble approprié que des instruments légaux définissent les modalités d´application de ce quota.
En matière de santé, il est primordial de garantir l’accès de tous aux soins de santé sexuelle et reproductive et faire en sorte que chacun puisse exercer ses droits en matière de reproduction. En Haïti, la proportion des femmes dont l´accouchement a été assisté par un personnel de santé qualifié a augmenté depuis 2006 (de 24,2% en 2000 à 37,3% en 2013). Néanmoins, presque deux tiers des accouchements se font encore sans assistance qualifiée (notamment dans les régions rurales) et le taux de mortalité maternelle était parmi les plus élevés de la région d’Amérique Latine et Caraïbes avec 157 pour 100.000 en 2013, selon les registres institutionnels. Cette situation est aussi liée à la santé de la reproduction. Même si 99% des haïtiens connaissent la contraception moderne, son utilisation a seulement augmenté de 22% en 2000 à 31% en 2012. Le pourcentage des jeunes femmes de 15 à 24 ans porteuses du SIDA est trois fois plus élevé que pour les jeunes garçons du même âge. De plus, en Haïti l´entrée dans la vie reproductive se fait en moyenne à l’âge de 16 ans et se trouve liée à la vulnérabilité sociale des jeunes. Néanmoins, il est positif de noter que la précocité reproductive diminue de 27% à 9% pour les adolescentes avec instruction.
En ce qui concerne l´éducation, l´ONU encourage les efforts d´Haïti pour avancer dans l’accès égalitaire des filles à l’éducation et des femmes à l’enseignement, dans l´éducation formelle et non formelle. À cet égard, il est crucial d´intégrer dans les curriculum l´égalité de genre et la transformation des stéréotypes, en l´introduisant aussi dans les manuels et la formation du professorat. Dans l’enseignement primaire et secondaire on note une parité des sexes depuis 2000. Au niveau secondaire, la scolarisation des filles dépasse celle des garçons. Cependant, l’inégalité devient plus évidente en ce qui concerne les personnes ayant atteint des études supérieures (6,1% pour les femmes de 35 à 39 ans, contre 11,8% pour les hommes). Le niveau d’éducation supérieure faible qui affecte les femmes de manière prédominante explique leur entrée précoce et sans qualification sur le marché du travail.
Les Nations Unies soutiennent aussi Haïti dans ses efforts pour des réformes visant à donner aux femmes les mêmes droits aux ressources économiques, ainsi qu’à l’accès à la propriété et au contrôle des terres et d’autres formes de propriété, aux services financiers, à l’héritage et aux ressources naturelles. En Haïti, 71% des femmes ne possèdent ni terre, ni maison; 20% possèdent un bien conjointement et seulement 9% sont propriétaires.
Pour finir, les Nations Unies en Haïti saluent la ratification des instruments légaux internationaux en faveur de l´égalité des sexes, tels que la convention CEDEF (CEDAW) et encouragent l´application des dispositions législatives déjà initiées par le Parlement et le Gouvernement d´Haïti, notamment « La loi sur la paternité, la maternité et la filiation », « La loi sur les conditions du travail domestique », le « Projet de loi-cadre sur la prévention, la sanction et l´élimination des violences faites aux femmes et aux filles » et le quota de genre de 30% minimum prévu dans la Constitution.
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