Judline est une jeune femme infirmière spécialisée en maladie infectueuse. Elle travaille en tant qu’officier communautaire au bureau du Fonds des Nations Unies pour la Population en Haiti.
Aux côtés de la coordonnatrice nationale en santé sexuelle, elle fait un travail de monitorage sur le terrain. Elle assure le suivi dans les démarches pour la prise en charge et l’accompagnement auprès des groupes de femmes enceintes déplacées des quartiers populaires sur les places publiques.
Apporter un soutien
Mon travail me permet d’aller vers les personnes vulnérables et de leur apporter mon soutien. Je me sens utile dans mes interventions. Je sensibilise les gens, particulièrement les femmes sur la planification familiale, les infections sexuellement tranmissibles (IST), l’éducation sexuelle et l'allaitement maternel. Mon boulot me passionne. Cependant, le contexte actuel rend mon intervention un peu difficile.
Sauver une vie
Durant le pays lock, alors que les rues étaient barricadées, nous sommes allés à plusieurs reprises au secours de femmes sur le point d’accoucher sur les places publiques. Nous sommes intervenus avec insistance auprès de l'Hôpital Universitaire la Paix pendant que les démarches administratives se poursuivaient.
Avec diligence, nous avons permis à plusieurs femmes d’accoucher en toute sécurité et d’anticiper des complications. Chaque journée passée dans les urgences était épuisante. Cependant, nous la finissons toujours avec le sentiment d’avoir sauvé une vie et aidé une femme ou une fille à retrouver le sourire.
Une équipe déterminée
Judline n’est pas seule. Elle fait partie d’une équipe d’officiers de terrain agissant dans le renforcement de la disponibilité des réponses aux situations des femmes et filles, particulièrement les déplacées internes liées à l’insécurité.
Ces jeunes viennent de la deuxième cohorte du programme de stage affirmatif de l’UNFPA en Haïti. Ils sont déployés en tant qu’officiers communautaires dans les situations d’urgence dans les zones affectées par les conflits de gangs armés. Ils soutiennent depuis quelques mois les programmes existants de l'équipe humanitaire en couvrant la coordination, les activités de prévention et de réponse à la violence basée sur le genre ainsi que la santé sexuelle et reproductive.
Le plaisir d’aider
En dépit des difficultés rencontrées sur le terrain, j’ai pris plaisir à accompagner ces femmes enceintes. Car je voyais en elle une jeune sœur, une amie, nous dit Jensen, OC et jeune diplômé en Sciences Juridiques.
La situation de ces jeunes filles m’interpelle. Elles vivent dans une très grande précarité. Dans mon rôle d’officier communautaire, j’ai été enchanté quand Linda après son accouchement est revenue vers nous pour témoigner sa gratitude du fait de la présence rassurante que nous lui avions accordée.
Jose confesse qu’ils vont tenir longtemps étant donné que la situation n'est pas stable. “Nous allons faire avec les moyens dont nous disposons”.
Une continuité d’actions
Renald, sociologue actif dans le dynamisme pour le respect de la dignité des personnes en Haïti, signalait, suite à sa dernière visite dans le camp, que la situation des déplacés de Cité Soleil sur les places publiques exige une continuité d’actions urgentes. Il a fait remarquer que les conditions de vie des locataires de la place sont menacées par le niveau d'insalubrité. Les gens survivent.
Les officiers communautaires reçoivent continuellement des plaintes de la part des déplacés qui leur crient “allo”, on a besoin d'aide et on meurt dans la rue. Ces officiers sont déterminés à poursuivre leur travail humanitaire au profit de ces déplacés. (jlg, vs)
Texte : Jhunie Laura Ganème, révisé par Vario Sérant