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Port-au-Prince, 10 mai 2020 --- Avec le support technique de l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population, et l’appui financier de “Affaires Mondiales Canada”, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) a clos le 8 mai 2020, à Port-au-Prince, une formation sur la continuité des services dans le contexte COVID-19 à l’intention des sages-femmes et responsables de santé reproductive au niveau des dix départements du pays.

Les sages-femmes auront à répliquer cette formation dans les institutions où elles travaillent au niveau des départements en coordination avec les directions.

Selon la Directrice de la Direction d’Organisation des Services de Santé (DOOS) du MSPP, il s’agissait de mettre à jour les connaissances des participantes sur la pandémie et l’impact que celle-ci peut avoir sur la grossesse et la santé maternelle plus généralement. La contribution de plusieurs directions comme la DELR (Direction d’Epidémiologie, de Laboratoires, de Recherche), la DSF (Direction de la Santé de la Famille) et la DPSPE (Direction de Promotion de la Santé et de Protection de l’Environnement) a permis d’enrichir les discussions.

“Le Covid étant une pathologie nouvelle, les connaissances à son sujet peuvent devenir rapidement obsolètes”, souligne Dr Yvrose Chrysostome pour justifier la pertinence de cette formation.

Sage-femme à l’Hôpital Jules Féry d’Anse-à-Veau, dans le département des Nippes, Natacha Alcinord entrevoit les retombées de cette activité sur son travail à la maternité. “En plus du port du masque et du lavage des mains, je serai plus vigilante et inciterai mes collègues à l’être aussi par rapport aux comportements à risque afin de prévenir l’infection par le Covid-19 notamment”. Miss Alcinor pense au flux des visites qu’il faudra limiter, tout en étant strict sur le respect de l’éloignement physique.

A côté de la mise à jour de leurs connaissances sur la prise en charge des infections en général et au Covid-19 en particulier, les sages-femmes ont pu se rafraîchir la mémoire sur des questions liées à l’éthique et la participation communautaire.

Armelle Lenescart n’est pas affectée à une maternité. Elle travaille plutôt en milieu communautaire au niveau de la côte sud d’Haïti, plus particulièrement à Roche-à-Bateau, Coteaux, Port-à-Piment et Randel, pour le compte de “Catholic Relief Service” (CRS). “Après cette formation, je me sens mieux armée pour aider la communauté, notamment les groupes de femmes dans le cadre du suivi de leur grossesse, à mieux se protéger en vainquant les tabous et en évitant des comportements à risque”, estime-t-elle.

Le MSPP inscrit cette formation dans le cadre des efforts pour la continuation des services en cette période de crise sanitaire engendrée par le Covid-19, souligne la Directrice de la DOOS. Selon des estimations de l’institut Guttermarcher, chaque diminution de 10% de l’accès aux services de santé maternelle, néonatale et reproductive entraînerait 1,7 millions de complications obstétricales, 2,6 millions de complications néonatales, 28000 décès maternels et 168000 décès néonataux additionnels dans le monde.

En Haïti chaque année, environ 300 000 naissances sont attendues, dont plus de 75 000 entre le mois d’Avril et Juin 2020. Il importe donc de :

  • assurer la continuité de l’offre de soins aux femmes tant au niveau institutionnel que communautaire dans un environnement où les nouvelles mesures de prévention vont devoir générer des ajustements;
  • réorganiser les services (adaptation des services prénataux), appliquer des modalités alternatives de prise en charge (consultations par téléphone par exemple) et accentuer les interventions communautaires.

Les sages-femmes présentes ont pu participer, sous la direction d’une équipe de l’OMS/OPS, à une séance de simulation d’habillage et déshabillage avec l’équipement de protection individuelle (EPI) https://www.youtube.com/watch?v=rcwRzccLPP4&feature=youtu.be Elles ont pu également faire des propositions concrètes qui permettront au MSPP de pouvoir finaliser les guides techniques à l’attention des institutions de santé et des directions sanitaires.

Lors d’une présentation assurée par Médecins Sans Frontières (MSF), le rôle des sages-femmes dans la prévention et la prise en charge médicale et psychologique des femmes survivantes de violences sexuelles a été également souligné dans un contexte socio-économique fragilisé par les directives de confinement, de distanciation physique et de baisse des activités génératrices de revenu dans le pays.

« Etant donné que, pendant la pandémie du COVID-19, les femmes continuent d’être enceintes, d’accoucher et d’avoir besoin d’un accompagnement qualifié, la promotion et la continuité des services de santé reproductive et materno-néonatale est clé pour éviter une surmorbi-mortalité indirecte du Coronavirus », fait remarquer l’UNFPA par l’organe de la Chargée de programme en santé maternelle et néonatale, Vavita Leblanc. « La préservation des droits reproductifs doit être assurée même en situation de crise sanitaire, y compris l’accès à la planification familiale, pour l’exercice continu du droit des femmes », conclut-elle.

Chaque participante est repartie avec un kit complet d’équipements de protection individuelle devant couvrir les besoins d’au moins 4 semaines de travail en attendant que le déploiement généralisé des kits d’EPI au niveau de 40 institutions dans 7 départements se fasse par l’UNFPA en appui aux besoins du MSPP la semaine qui suivra.

Texte : Vario Sérant

Photo : Samuel Laméry Pierre