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Les sages-femmes sur le front de la réponse à la Covid-19 en Haïti

Les sages-femmes sur le front de la réponse à la Covid-19 en Haïti

Actualités

Les sages-femmes sur le front de la réponse à la Covid-19 en Haïti

calendar_today 08 Mars 2021

Une sage-femme devant une affiche de la plateforme "Alo Sajfanm"

Marie Eilène Alcidas travaille comme sage-femme depuis environ 14 ans, après ses formations à l’École Nationale des Infirmières des Cayes et l’École Nationale des Infirmières Sages-Femmes de Port-au-Prince, ci-après Institut National Supérieur de Formation des Sages-Femmes (INSFSF), respectivement.

Avec trois autres sages-femmes, elle participe en 2020 à la mise en place de la plateforme Alo Sajfanm lancée officiellement par l'Association des Infirmières Sages-Femmes d’Haïti (AISFH) dans le département des Nippes, le 6 novembre.  

Depuis le lancement de Alo Sajfanm, les femmes enceintes, celles qui viennent d’accoucher, celles en âge de procréer et leurs familles accèdent gratuitement à cette plateforme à travers le 8227 pour les abonné(es) de la Digicel et le 28 14 0171 pour les abonnés (es) de la Natcom. 

Cette plateforme apporte aux femmes enceintes et mères des informations de qualité en lien notamment avec leur grossesse, estime Berline MAURICE, 28 ans, et mère de deux enfants, demeurant dans la commune de Paillant (Nippes). 

Fanie Fénélus, 26 ans, qui vit seule avec son enfant, se réjouit de tous les bénéfices de la plateforme Alo Sajfanm. «J’ai reçu des conseils et informations salutaires sur ma grossesse, quand j’avais 6 mois, sur le développement du bébé dans mon ventre et les bons comportements à afficher face à certaines difficultés d’ordre médical », explique-t-elle. 

 Ces conseils m’ont beaucoup aidé et j’ai accouché très bien à l’hôpital Sainte Thérèse de Miragoâne, renchérit Fanie. « De façon détaillée, j’ai eu des explications pertinentes quand j’avais des maux de tête et des vomissements ou encore quand je souffrais d’hypertension ou d’anémie. Je me sentais réconfortée quand le bébé s’agitait dans mon ventre ». Même après l’accouchement, les femmes peuvent avoir accès à des informations claires au sujet de l’allaitement et des bonnes habitudes à avoir par rapport au bébé en toutes circonstances sur le 8227.

Quand les femmes enceintes appellent une toute première fois, elles reçoivent après le service de counselling, des messages textes sur leurs cellulaires, des appels chaque semaine sur l’évolution de leur grossesse et le comportement des bébés. « En conseillant les familles sur la meilleure façon de se protéger, les proches des femmes ciblées ont eu des informations importantes, avec des effets multiplicateurs », nous confirme la sage-femme opératrice Marie Eilène Alcidas.  

La plateforme Alo Sajfanm a vu le jour en pleine pandémie Covid-19. Depuis son lancement en Novembre 2020, plus de 5000 femmes et leurs familles ont appelé pour une assistance ou à la recherche d’informations. Malgré le confinement relatif à la COVID-19, les sages-femmes se sont mises en avant, avec les autres professionnels de la santé, pour assurer la continuité des services de santé reproductive et materno-néonatale et éviter par ainsi une surmorbi-mortalité indirecte due au Coronavirus.

Durant la crise sanitaire, l’UNFPA Haïti, en partenariat avec ses partenaires, a distribué 3000 kits d’équipements de protection individuelle à travers 6 départements, qui ont permis d’assister à 40,000 accouchements faits dans des conditions sûres, avec l’assistance de personnel qualifié.

Parallèlement, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) a organisé en 2020, avec le support technique de l’UNFPA et l’appui financier de “Affaires Mondiales Canada”, des formations sur la continuité des services dans le contexte COVID-19 à l’intention des sages-femmes et responsables de santé reproductive au niveau des dix départements du pays. Les sages-femmes ont répliqué ces formations dans les institutions où elles travaillent au niveau des départements en coordination avec les directions. Chaque participante de ces formations est repartie avec un kit complet d’équipements de protection individuelle pour couvrir les besoins de plusieurs semaines de travail au niveau de 40 institutions dans 7 départements, en appui aux besoins du MSPP.

La préservation des droits reproductifs doit être assurée même en situation de crise sanitaire, y compris l’accès à la planification familiale, pour l’exercice continu du droit des femmes, estime l’UNFPA, l’Agence des Nations Unies pour la Santé Sexuelle et Reproductive. 

Son Représentant en Haïti, Yves Sassenrath, considère la plateforme Alo Saj Fanm comme un outil essentiel pour encourager plus de femmes à accoucher dans les institutions de santé et contribuer ainsi à réduire le nombre de femmes qui meurent pendant et après l’accouchement. Avec 529 décès pour 100 000 naissances vivantes, Haïti détient le taux de mortalité maternelle le plus élevé de l’hémisphère.

La plateforme téléphonique « Alo Saj Fanm » vient en appui au système de santé et aux communautés, en collaborant étroitement avec le Ministère de la Santé Publique et de la Population, le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes et les associations de femmes. 

La mise en place de cette plateforme de téléphonie mobile s’inscrit dans le cadre du projet « Saj Fanm Pou Fanm ». Ledit projet est subventionné par les Affaires Mondiales Canada (AMC) et mis en œuvre par le Fonds des Nations Unies pour la Population en Haïti (UNFPA Haïti), en collaboration avec l'Association des Infirmières Sages-Femmes d'Haïti (AISFH). Ses principaux partenaires sont l’Association Canadienne de Sages-Femmes (ACSF), l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).

Le projet Saj Fanm pou Fanm vise à contribuer à réduire la mortalité maternelle et néonatale par l’amélioration de l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles, notamment dans 4 départements du pays (la Grand’Anse, le Sud-Est, les Nippes et le Nord-Ouest), en mettant l’accent sur la réduction des inégalités de genre et le renforcement de capacités des femmes et filles pour qu’elles puissent faire des choix respectant leurs droits sexuels et reproductifs. 

 

Texte : Vario Sérant et Christina Julmé

Photo : Samuel Laméry Pierre