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Vers un nouveau pôle de formation des sages-femmes dans le Nord d’Haïti

Vers un nouveau pôle de formation des sages-femmes dans le Nord d’Haïti

Actualités

Vers un nouveau pôle de formation des sages-femmes dans le Nord d’Haïti

calendar_today 10 Mai 2021

Des élèves contemplant l’exposition des sages-femmes

Des places réservées pour le Nord-Ouest

A l’occasion de la Journée Internationale des Sages-Femmes, le 5 mai, les autorités sanitaires, avec en appui l’Association des Infirmières Sages-Femmes d’Haïti et l’UNFPA, ont annoncé une extension de la formation des sages-femmes à Limonade, dans le département du Nord. Des places seront réservées pour le Nord-Ouest. Des élèves, galvanisés par les sages-femmes, y montrent de l’intérêt.

Yoldine Fleuriné travaille depuis 3 ans comme sage-femme professionnelle à l’Hôpital Bon Samaritain de Bassin-Bleu, une commune du département du Nord-Ouest d’Haïti. Elle témoigne son énorme satisfaction par rapport au nombre de vies de femmes et de nouveau-nés qu’elle aide à sauver.

Des élèves galvanisés

« Investissez dans les sages-femmes, vous ne le regretterez pas », disait-elle à l’occasion de la commémoration de la Journée Internationale des Sages-Femmes, dans cette ville.


À une centaine d’élèves de l’avant et de la dernière année du nouveau secondaire venus de différentes écoles de la ville de Port-de-Paix qui participaient à cette activité, Yoldine a suggéré de s’y orienter après leurs études secondaires. « Faîtes ce choix, vous n’allez pas le regretter », a-t-elle lancé.

Yoldine reste passionnée par son métier malgré certaines situations malencontreuses. Elle cite en exemple le cas des 40 accouchements effectués lors de son premier mois de social à Jean Rabel et dont le registre a été déchiré.

De l’intérêt

Après avoir été orientés par Yoldine, plusieurs des élèves interrogés ont montré un vif intérêt pour la profession de sage-femme.

« J’apprécie grandement la façon dont les sages-femmes prennent soin des femmes et de leurs nouveau-nés », explique Blondine Saint-Fleur. « Cela me donne envie de devenir une sage-femme », ajoute cette demoiselle de 18 ans qui est en NS3 ou Rhéto.

Vers l’extension régionale de la formation

Ces témoignages se sont produits à un moment où le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), à travers son Directeur général, venait d’annoncer une extension de la formation des sages-femmes dans le département du Nord, plus précisément à l’Université Roi Henry Christophe de Limonade, à laquelle des étudiantes et étudiants du Nord-Ouest pourront profiter pour devenir sage-femme ainsi que des étudiants provenant du Grand Nord du pays.

Selon Dr Lauré Adrien, natif de Lavaud, dans le Nord-Ouest, le recrutement pour Limonade se fera suivant un modèle classique (avec examen d’entrée), avec 20 places qui seront réservées annuellement au département du Nord-Ouest.

Le Directeur sanitaire du Nord-Ouest, Dr Thony Monestime, promet de s’investir à fond en vue d’encourager des jeunes du Nord-Ouest (18-25 ans) à s’inscrire à ce programme.

Ce programme d’extension bénéficie d’un appui financier du Gouvernement Canadien à travers l’UNFPA, l’agence des Nations Unies pour la population chargée de la santé sexuelle et reproductive. Il prévoit notamment un accompagnement en termes de logement et de frais pour la nourriture pour les étudiants des zones mal desservies en matière de Sages-femmes

Pourquoi investir ?

5 sages-femmes sont actuellement déployées dans le Nord-Ouest contre 2 avant le démarrage du projet « Sajfanm pou fanm » financé par Affaires Mondiales Canada. « Ce progrès est important. Mais il y a encore du travail à faire, car le département du Nord-Ouest aurait besoin de 26 sages-femmes pour couvrir les besoins des femmes enceintes et celles allaitantes », a précisé le Représentant de l’UNFPA en Haïti.


Investir dans les sages-femmes, c’est investir dans la formation, le déploiement et la régulation de leur pratique, a ajouté Yves Sassenrath. Dans ces 3 domaines, l’État travaille aux côtés de la société civile, avec l’appui de ses partenaires, dont l’UNFPA et le gouvernement canadien pour garantir des services de qualité par les sages-femmes.

Rappelant le rôle pivot des sages-femmes dans les efforts pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale et l’accès à des services de santé sexuelle et reproductive y compris des adolescentes, le Représentant de l’UNFPA encourage un rapprochement plus accentué des sages-femmes avec les communautés et les acteurs clés qui y travaillent en vue de continuer à augmenter l’accouchement des femmes dans les maternités.

Selon la sixième Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services en Haïti 2016-2017 (EMMUS VI), le taux de mortalité maternelle en Haïti est particulièrement élevé, soit 529 décès pour 100,000 naissances vivantes. En moyenne, 42 % des naissances des cinq dernières années se sont déroulées avec l’assistance d’un prestataire formé et seulement 39 % ont eu lieu dans un établissement de santé.

Agissons de sorte à avoir les 2200 sages-femmes pour couvrir les besoins des femmes haïtiennes et améliorer la santé maternelle et néonatale, a suggéré la Présidente de l’Association des Infirmières Sages-Femmes d’Haïti (AISFH), Marie Jasainte Doriné. Actuellement, le pays ne dispose que d’environ 400 sages-femmes professionnelles et de 152 actuellement en formation.   

Texte : Vario Sérant

Photo : Samuel Laméry Pierre