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Asefi (nom d’emprunt) a été récemment opérée avec succès après 30 ans de fistule obstétricale. C’est la fin d’un cauchemar pour cette femme haïtienne.

Elle avait essayé auparavant de se donner la mort à deux reprises. Son mari s’est séparé d’elle. Ses amis la stigmatisaient.

Après le séisme dans le Grand Sud, en août 2021, un Conseiller administratif de section communale (CASEC) a appelé à l’aide la Société Haïtienne d’Obstétrique et de Gynécologie (SHOG), appuyée par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies chargé de la santé reproductive. C’est le CASEC qui l’avait hébergée.

Incidence de la fistule

En Haïti, l’incidence de la fistule obstétricale est estimée à 6 nouveaux cas pour 1 000 femmes en âge de procréer, selon l’EMMUS VI, soit près de 18 985 cas de fistule obstétricale en 2023. Plus de la moitié des femmes vivant avec la fistule obstétricale (52 %) en Haïti serait âgée de moins de 21 ans, au moment d’avoir eu leur première naissance.

Quid des opérations ?

De 2018 à 2023, la SHOG a diagnostiqué 120 cas de fistule obstétricale et opéré 61 cas dans ses zones d’intervention en Haïti, selon son Président, Dr Batsch Jean Jumeau.

La SHOG relève une diminution progressive des cas diagnostiqués en raison du contexte sécuritaire qui limite les déplacements pour un travail communautaire.

La prévention est l’élément clé pour qu’il y ait moins de risque d’opération. « Si une fistule est diagnostiquée dans les premières heures ou les premiers jours après l’accouchement, il y a 90% de chance de la résoudre sans une opération », explique le Responsable de la Santé de la Famille au Ministère de la Santé Publique et de la Population.

Les gens doivent accéder aux services d’un personnel qualifié, indique Dr Reynold Grand’Pierre. « Il faut qu’elles accèdent à un personnel formé pour l’accouchement », ajoute-t-il.

C’est quoi ?

La fistule obstétricale est une communication anormale entre l’appareil urinaire, l’appareil génital et l’appareil digestif qui entraîne une perte incontrôlée des urines ou des selles, et parfois les 2 à la fois. Ce sont des femmes qui lors de l’accouchement ont eu une complication qui engendre une perte incontrôlée, permanente des urines et des selles.

L’appui de l’UNFPA

L’UNFPA appuie Haïti à plusieurs niveaux, déclare la Représentante de l’UNFPA, Dr Zalha Assoumana :

  • La prévention à travers des actions de sensibilisation au niveau communautaire sur les grossesses des adolescentes, la non-scolarisation des enfants, l’autonomisation des femmes et l’utilisation des services de santé tant pour les consultations prénatales que les accouchements.  
  • La prévention au niveau des structures de santé et le renforcement des capacités.
  • L’UNFPA appuie la Faculté de Sages-femmes afin d’avoir des professionnelles de santé qui vont offrir des services jusqu’au premier kilomètre à la population.
  • L’UNFPA fournit des équipements aux structures de santé pour que la population puisse accéder à des services de qualité ainsi que des médicaments et des kits.

L’UNFPA appuie le Gouvernement, à travers le MSPP, pour le renforcement des capacités des chirurgiens pour qu’ils puissent opérer des cas. « Nous mettons à leur disposition et des hôpitaux du matériel et des équipements pour la prise en charge des cas », précise Dr Assoumana.

L’UNFPA intervient dans le cadre de la réinsertion sociale des femmes en leur donnant un appui psychologique, à travers certaines activités génératrices de revenus.

L’UNFPA a lancé la campagne mondiale pour l’élimination des fistules en 2003. Haïti y a souscrit.

Texte et photo : Vario Sérant