Beaumont, commune d'Haïti située dans le département de la Grand'Anse, dans l’arrondissement de Corail, accuse généralement beaucoup de cas de grossesse précoce, selon des membres de sa population.
Kétia Lizaire, sage-femme à la maternité St Agnès Beaumont, confirme que ce centre de santé reçoit mensuellement en moyenne 5 à 10 cas d’adolescentes devenues enceintes.
Accouchement d’une adolescente par épisiotomie
Joséphina a 18 ans quand elle arrive enceinte, d’une localité éloignée de Beaumont, au centre de santé en février 2020. Elle suit régulièrement ses consultations prénatales et accouche par épisiotomie.
« Le poids du bébé était trop gros pour la filière de passage, explique Joséphina. La sage-femme a dû m’accoucher avec des ciseaux, ajoute-t-elle.
L'épisiotomie est un acte chirurgical consistant à ouvrir le périnée au moment de l'accouchement afin de laisser passer l'enfant. Cette incision a idéalement pour but de sectionner le muscle élévateur de l'anus.
Pendant son hospitalisation, Joséphina a suivi plusieurs séances de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive. Elle a adopté comme méthode contraceptive de longue durée les implants jadelle (7 ans). Elle vit actuellement en bons termes avec sa fille de 13 mois.
Les grossesses à risque référées
« Nous n’accouchons pas d’habitude les adolescentes de moins de 16 ans, car ce sont des grossesses à risque », souligne la responsable de la maternité. Nous les référons de préférence à un hôpital communautaire pour leur prise en charge, ajoute Miss Lizaire.
Le centre de santé St Agnès Beaumont n’a pas la capacité de faire face à certaines complications comme la disproportion céphalo-pelvienne, la souffrance fœtale et la lacération. Cependant, le centre arrive globalement à répondre aux soins néonataux d’urgence de base (SONUB). De mars à octobre 2020, le centre a fait 57 consultations prénatales pour des adolescentes de 14 à 19 ans.
Importance du projet SSIAF
Il est aidé dans cette tâche par le SSIAF, un projet conjoint des Nations Unies en Haïti mis en œuvre par l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, l’UNICEF, l’OPS/OMS et l’ONUSIDA, de concert avec le Gouvernement, et financé par le Canada, en réponse au passage de l’Ouragan Matthew en Octobre 2016 dans les départements du Sud et de la Grand’Anse.
1625 victimes de violence physique et sexuelle ont été prises en charge dans les institutions soutenues par le projet SSIAF en 2020. Le projet SSIAF a appuyé 21500 accouchements institutionnels depuis que le projet a commencé.
Le centre de santé St Agnès Beaumont reçoit, dans le cadre de ce projet, un appui en matériel médical, en salaire, en carburant et en formation en santé de la reproduction. Le soutien en matériel concerne notamment les tables d’accouchement, les paravents, les poubelles et les médicaments.
Quand je participe aux séances de formation, je les fais suivre de journées de restitution pour le reste du personnel, précise la sage-femme de la maternité St Agnès Beaumont. Cela nous aide à nous renforcer, indique-t-elle.
Le centre de santé St Agnès Beaumont couvre 21 grossesses attendues par mois dans sa population desservie de 8530 habitants. Outre ce centre avec lits, la commune de Beaumont contient 4 dispensaires.
Texte et photo : Vario Sérant
