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Et si on repositionnait la question de la fistule obstétricale en Haïti en vue de l’accélération de son élimination d’ici 2030

Et si on repositionnait la question de la fistule obstétricale en Haïti en vue de l’accélération de son élimination d’ici 2030

Actualités

Et si on repositionnait la question de la fistule obstétricale en Haïti en vue de l’accélération de son élimination d’ici 2030

calendar_today 17 Juin 2023

Photo de groupe des participant-e-s à l'atelier de réflexion
Photo de groupe des participant-e-s à l'atelier de réflexion

Port-au-Prince, 17 juin 2023 --- L’UNFPA, le Fonds des Nations Unies chargé de la santé reproductive, a organisé, de concert avec le Ministère de la Santé Publique et de la Population et d’autres partenaires, un atelier de réflexion afin de repositionner au niveau national la question de la fistule obstétricale en Haïti en vue de l’accélération de son élimination d’ici 2030.

État des lieux

Les participant-e-s ont dressé ce 13 juin 2023 un état des lieux de la fistule obstétricale dans le pays, sur la base d’une enquête réalisée par le statisticien-démographe Jacques Hendry Rousseau pour le compte de l’UNFPA en 2019.


 

Axes stratégiques clés

Ils / elles ont souligné des axes stratégiques clés, grâce à une analyse des forces, des faiblesses, des opportunités, des menaces et un questionnement sur la causalité des problèmes identifiés, avant d’élaborer un plan d’accélération de l’élimination de la fistule d’ici 2030.

La fistule obstétricale en chiffres

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la prévalence de la fistule obstétricale est estimée à plus de 2 millions de jeunes femmes à travers le monde, dont la plupart en Afrique et en Asie du Sud.  

Son incidence en Haïti, selon l’EMMUS VI (2016-2017) est de 6 pour 1000 femmes en âge de reproduction, extrapolé à l’ensemble des femmes en âge de procréer, on dénombre environ 18 985 cas de fistule obstétricale en 2023, indique le Responsable de la Direction de la Santé de la Famille (DSF) au MSPP, Dr Reynold Grand’Pierre.

Plus de la moitié des femmes vivant avec la fistule obstétricale (52 %) serait âgée de moins de 21 ans, au moment d’avoir eu leur première naissance et près des ¾ des femmes vivant avec la fistule obstétricale (74,2 %) auraient eu leur première naissance avant l’anniversaire de 25 ans. La fécondité précoce serait un principal déterminant de la fistule obstétricale.

De 2018 à 2023, la Société Haïtienne d’Obstétrique et de Gynécologie (SHOG) a diagnostiqué 120 cas de fistule obstétricale et opéré 61 cas dans ses zones d’intervention en Haïti, selon son Président, Dr Batsch Jean Jumeau.

La SHOG relève une diminution progressive des cas diagnostiqués en raison du contexte sécuritaire qui limite les déplacements pour un travail communautaire.

C’est quoi la fistule obstétricale ?

La fistule obstétricale est une communication anormale entre l’appareil urinaire, l’appareil génital et l’appareil digestif qui entraîne une perte incontrôlée des urines ou des selles, et parfois les 2 à la fois, explique la Représentante a.i. de l’UNFPA en Haïti. Ce sont des femmes qui lors de l’accouchement ont eu une complication qui engendre une perte incontrôlée, permanente des urines et des selles, ajoute Dr Zalha Assoumana.

Le témoignage de Zelda

Zelda, une jeune femme de 31 ans, a vécu avec une fistule vésico-vaginale pendant 14 ans, à la suite d’un accouchement difficile au cours duquel elle a perdu ses jumelles. Vue d’abord par des matrones à Saint Michel de l’Attalaye, elle a été prise en charge, ensuite, par quatre hôpitaux successifs dans le Nord du pays, sans succès. En dernière instance, elle a été opérée, avec succès, à l’hôpital de la Croix des Bouquets, dans le département de l’Ouest.

Campagne mondiale d’élimination de la fistule obstétricale

Le système des Nations Unies avait lancé en 2003 la campagne mondiale d’élimination de la fistule obstétricale sous l’égide de l’UNFPA. Chaque pays est appelé à développer et à mettre en oeuvre un plan d’action autour des trois axes stratégiques que sont la prévention, la prise en charge chirurgicale et enfin la réinsertion et la réhabilitation sociale des survivantes.

L’engagement des plus hautes autorités politiques d’Haïti s’était traduit par l’élaboration d’un plan d’intervention et de lutte contre la fistule obstétricale. La mise en œuvre de ce plan a bénéficié de l’appui technique et financier des différents partenaires, dont l’UNFPA notamment.

L’une des stratégies mondiales retenues par le système des Nations Unies pour maintenir l’engagement de tous et assurer la continuité des services, positionner sur l’agenda national la lutte contre la fistule obstétricale est le plaidoyer pour la mobilisation des ressources et la communication pour le changement de comportement des communautés sur les facteurs favorisants et les moyens de la prévenir.

20e anniversaire du lancement de la Campagne

C’est dans cette optique que l’Assemblée Générale des Nations Unies, lors de sa 67ème session tenue le 20 décembre 2012 à New York (A G /11331), a proclamé le 23 mai comme journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale.

L’année 2023 marque le 20e anniversaire du lancement de la Campagne pour en finir avec la fistule obstétricale. Elle marque également le 10e anniversaire de la commémoration de la journée internationale d’élimination de la fistule obstétricale.

Pour cette édition 2023, le thème international est « 20 ans après - Des progrès mais pas assez ! Agir maintenant pour mettre fin à la fistule obstétricale d’ici 2030 » !

Texte : Vario Sérant

Photos : Michaël Isaac Junior Ambroise